« De la vérité », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Au cas
où la séquence ne ferait pas assez le buzz, les communicants de l’Élysée se
sont chargés eux-mêmes de la diffuser sur les réseaux sociaux. On les comprend,
elle est tout à fait à l’avantage d’un Emmanuel Macron répondant avec force à
un agriculteur qui s’inquiète de la disparition du glyphosate. C’était jouer
sur du velours avec un sens évident de la représentation, la partition du
président qui ne recule pas devant le débat, voire l’affrontement, pour tenir
un discours de vérité, déjà annoncé lors de la réception à l’Élysée deux
jours auparavant de mille jeunes agriculteurs.
Mais
il en va de la vérité comme de l’amour selon Lacan. Il n’y a que des preuves d’amour.
Il ne suffit pas d’annoncer que l’on va dire la vérité pour lui donner un
contenu. Oui, Emmanuel Macron a invité les agriculteurs à inventer un nouveau
modèle. Comment donc !...Mais avec quels moyens, non seulement face à des
négociations comme celle du Mercosur, mais face aux productions à des coûts de
pays concurrents, au dumping social, aux fermes géantes, aux faux labels, bio
ou autres, qui se glissent dans les failles d’une réglementation élastique.
Il y
a au Salon de l’agriculture des absents très présents. On ne les voit pas, en
tout cas ils sont très discrets, mais ils sont bien là dans les travées entre
vaches et porcs, entre fromages et saucisses. Les géants de l’agroalimentaire
et de la grande distribution. Les marges abusives, les prix d’achat qui ne couvrent
pas les prix de production, y compris désormais chez les céréaliers, les
mesures de rétorsion contre ceux qui résistent…
Emmanuel
Macron, pendant ses douze heures au Salon, ne semble pas les avoir rencontrés. Au
moins en public. Il n’était pas là pour çà, mais pour raconter à l’opinion à
quel point il est attaché aux agriculteurs, à la ruralité, aux territoires. Pendant
qu’il est question, en même temps que l’agriculture, de la suppression de
lignes SNCF, pendant que ferment des bureaux de poste, des services d’urgences
dans nos petites villes, pendant que tant d’exploitations disparaissent, est-ce
là un discours de vérité ?
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