« Cette mort sur ordonnances… », L’éditorial, de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
« Privilégiés » :
les mots de la doxa libérale ont la vie dure et collent comme le sparadrap du
capitaine Haddock. Nous avons l’habitude des campagnes mensongères, qui
polluent l’espace public. Martelez, il en reste toujours quelque chose…Les
médias dominants et toute la cohorte des experts afférents s’en donnent à cœur joie
pour dire leur mépris des salariés de la SNCF, au fil de leur credo qu’ils
répètent comme les prières d’un chapelet. C’est bien sûr « à cause »
des syndicats et du « statut » des employés que la SNCF va mal. Les voilà
donc, ces « privilégiés » de cheminots, agités comme des chiffons
rouges. Cela ne vous rappelle rien ? Que n’entend-on pas à propos des « salauds
de pauvres », des « chômeurs fainéants », des « grévistes
preneurs d’otages », des « fonctionnaires assistés » ?
Trois décennies de matraquage idéologique et de diffusion en boucle d’un
catéchisme antisocial. Le but : obtenir la résignation du plus grand
nombre. Toute contre-réforme de choc conduisant à une grande marche arrière des
droits est précédée et accompagnée par une bataille des représentations, bref,
une propagande massive qui vise à préparer les esprits au démantèlement des
politiques sociales et à la destruction progressive du modèle français de
solidarité…
La mise
en cause du rail tricolore est emblématique de la méthode employée pour porter
un coup décisif à un grand service public. SNCF : cette mort sur
ordonnances. Une privatisation qui ne dit pas son nom, doublée d’un
autoritarisme politique sans bornes. L’exécutif ne manque pas d’air : le
Code du travail, la formation professionnelle, l’apprentissage, l’assurance-chômage,
l’hôpital, l’immigration, le baccalauréat, la SNCF, bientôt la justice, l’audiovisuel,
la Constitution, etc. Macron, c’est la version du fameux Tina (There is no
alternative) de Thatcher. La feuille de route est bel et bien une attaque
globale d’ampleur historique. La riposte des syndicats de la SNCF s’annonce à
la hauteur de l’enjeu. La bataille de l’opinion en faveur des services publics,
elle, commence à peine en vérité. Elle ne sera pas moins décisive.
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