« LE RETRAIT ET UN DÉBAT ! », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
La réplique est massive. La puissante déferlante populaire dans les rues de France, les grèves reconductibles, les assemblées générales, la diversité des catégories de salariés dans l’action, le soutien grandissant de nos concitoyens montrent le net refus de sacrifier ses vieux jours et, avec eux, la solidarité nationale. Le pouvoir doit l’entendre et retirer son régressif projet.
Inégalitaire, mal ficelé, plombé par des arguments comptables, des explications contradictoires et les conflits d’intérêts, ce projet désormais rejeté par l’ensemble des organisations syndicales ne peut que dresser contre lui une majorité de Français. Le gouvernement déjà vacille, promettant une entrée en application progressive du nouveau dispositif dans… cinq ans ! Pour le quinquennat suivant !
De quoi s’étonner qu’une réforme jugée si
profitable par ses concepteurs soit repoussée à la génération suivante. Le
numéro d’équilibriste auquel se prête le premier ministre risque de se terminer
par une mauvaise chute. La corde est trop raide, le climat social trop tendu
pour continuer à jouer les ajusteurs, à bidouiller les paramètres de la
réforme, quand on sait que, partout où la retraite à points a été mise en
œuvre, tous les travailleurs reçoivent moins en retraite et sont contraints de
travailler plus longtemps.
« C’est un projet de société », affirmait le
président de la République. Si les mots ont un sens, cela ne saurait être imposé
à la hussarde après avoir été mijoté dans les salons ministériels, où
s’assoient plus souvent les rapaces de fonds financiers que les représentants
des travailleurs. Il mérite au contraire un débat contradictoire large,
national et territorial, mettant à contribution les propositions émises par les
syndicats, les partis politiques et les associations.
Cette indispensable respiration démocratique
requiert un préalable : le retrait de l’injuste contre-réforme. L’entêtement
gouvernemental trahirait des objectifs cachés, comme l’ouverture d’un large
champ de la prévoyance aujourd’hui publique à l’appétit insatiable des
assureurs privés. Il susciterait, par conséquent, une forte et légitime colère
dont seront jugés seuls responsables gouvernement et président. La voie de la
raison commande la vraie trêve : le retrait et un débat pour un projet
solidaire.
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