Quelques propositions pour une démocratie locale, jusqu’à des rivages qu’elle n’a jamais connue (Robert Clément)
Dans une récente tribune publiée dans le
magazine municipal, les élu-e-s du groupe socialiste, aujourd’hui alliés au
parti présidentiel pour le prochain scrutin municipal, nous disaient vouloir
« réinventer la démocratie » et faire en sorte que « la ville s’attache à
porter l’exigence d’une démocratie participative qui ne laisse personne au bord
du chemin et où chaque voix sera prise en compte ». Alors parlons-en !
On nous a fait régulièrement l’apologie
des ateliers urbains qui seraient en quelque sorte le summum en matière de
démocratie locale. Or en quoi consistent-ils ? Un architecte désigné par
un promoteur immobilier, entouré d’une kyrielle de techniciens, présente leur
projet et de belles maquettes. Puis la parole est donnée aux personnes
présentes. Si l’un deux s’aventure à poser une question quelque peu
dérangeante, il est aussitôt renvoyé dans les cordes. Au bout du compte, mises
à part quelques modestes modifications le projet du promoteur entre comme il
est entré. Mais au-delà, c’est la conception même de la concertation et de son
contenu qui est posée. Une vraie consultation devrait porter, à notre sens, sur
les choix à opérer dans ce qui fait la vie des habitants. Quelle politique de
l’habitat ? Quel parcours résidentiel ? Quelle politique
sociale ? Quelle politique culturelle et sportive ? Quelle politique
en matière d’éducation ? Quel plan de circulation (promis depuis plus de
dix ans).
Le budget, son élaboration et son vote,
constitue l’acte majeur d’une collectivité locale. Or aucune des orientations
n’est présentée aux habitants, pour recueillir leurs points de vue. Pire, dans
le meilleur des cas le magazine d’informations municipales lui consacre deux
pages, et d’une technicité bien loin de ce que souhaitent connaître nos
concitoyens.
À quel moment leur est-il donné la
parole ? Les articles traitant des projets de la majorité municipale ne
sont jamais accompagnés du moindre propos d’une Romainvilloise, d’un
Romainvillois. Les Conseils de quartiers ont été supprimés. On établit une
« charte du citoyen » qui énonce quelques grands principes mais qui
n’est jamais sortie des tiroirs. Les chantiers des promoteurs ont vu
disparaître la plupart des locaux où pouvaient se réunir les associations.
C’est ce que les élu-e-s socialistes appellent « une intense démocratie
participative »
Cette tribune nous disait encore que «
collectivités, élus, institutions, syndicats doivent être valorisés ».
Quel aplomb ! Une collectivité, c’est une majorité mais également des
élu-e-s appartenant à l’opposition, comme c’est le cas des élu-e-s de
« Romainville Ensemble ».
Or, depuis juillet 2014, n’apparaissent
dans le magazine que les photos des élu-e-s de la majorité. Ainsi notre ville
ne compterait que 27 conseillers municipaux. Cela ne s’apparente décidément pas
avec « une valorisation de l’institution ».
Rappelons-le, selon la République les
détenteurs du pouvoir sont nommés par d’autres moyens que l’hérédité,
c’est-à-dire élus par le peuple ou une partie de celui-ci. De là, la notion de
souveraineté populaire. Faut-il rappeler que moins de 50% des votants se sont
exprimés en faveur de la liste majoritaire en mars 2014 ? Elle a été élue,
elle doit être respectée. Le même respect se doit d’être accordé aux autres
élu-e-s et en particulier à celles et ceux de la liste de Romainville
-Ensemble. Les élu-e-s socialistes ont-ils élevé, une seule fois, la voix
contre ce déni de démocratie ?
Que dire de l’expression des groupes politiques.
Nous sommes dans la caricature. 1200 signes sont accordés à chacun d’entre eux.
C’est-à-dire 6000 pour les groupes appartenant à la
majorité….Et 2400 aux deux autres ! Un élu, composant un groupe
à lui seul, dispose donc de 1200 signes, autant que la liste
Romainville-Ensemble qui a recueilli plus de 30% des suffrages ! Encore un
bel exemple de la « valorisation de l’institution ». Développer une intense démocratie locale
et valoriser l’institution », c’est donner réellement la parole aux
habitants et respecter les élu-e-s de l’opposition.
1.
Par la
création d’un courrier des lecteurs.
2. Par
l’énoncé du point de vue des citoyens sur chaque projet, afin qu'ils en gardent la maîtrise d’un bout à l’autre.
3.
Par la
tenue de réunions de concertation sur les choix budgétaires.
4. Par la
mise en place de commissions réunissant élu-e-s et représentant-e-s
d’associations et citoyens (Éducation, culture, sport, jeunesse, urbanisme et
aménagement, développement durable, enfance, santé-solidarité…).
5.
Par le
droit d’interpellation des citoyens au début de chaque Conseil municipal,
pendant une heure.
6. Par des
comptes rendus pluralistes des débats du Conseil municipal sur des sujets et
choix importants.
7.
Par
l’impulsion d’une vie associative en créant un lieu ressource pour les
associations.
8.
Par l’instauration
de référendums citoyens permettant un partage des pouvoirs
9.
Par la
remise en place de Conseils de quartiers.
On ne peut à notre époque décider de l’avenir
d’une ville sans associer nos concitoyens aux pouvoirs de décision.
Il reste beaucoup de chemin à faire !
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