« Un vent se lève », l’éditorial de Patrick Apel-Muller dans l’Humanité de ce jour !
Au
pied du mur. Le pouvoir ne peut plus tabler sur une mobilisation en
demi-teinte. Les grèves ont été massives, frôlant ou dépassant les records des
deux dernières décennies à la SNCF, à la RATP, l’éducation nationale ou EDF. Elles
ne se sont pas cantonnées aux services publics : sept des huit raffineries
étaient à l’arrêt hier et dans 2000
entreprises privées des salariés ont cessé le travail. Les manifestants, sur le
thème « Retraite par points, tous perdants, retraite à 60 ans, tous
gagnants, Macron retire ton plan », ont fait le plein dans les 245 villes où
elles se sont déroulées. Le refus de la réforme des retraites ourdie par le
gouvernement est d’ailleurs appuyé très majoritairement par l’opinion publique,
comme en attestent les récents sondages. La paralysie des transports a d’ailleurs
rencontré la compréhension des usagers et nul chaos ne s’est ensuivi.
Le Président
de la République ne peut plus croire que, l’orage passé, il a les mains libres.
Des grèves sont reconduites, d’autres programmées, aucun syndicat important ne
le soutient plus et les électeurs se souviennent de sa promesse de campagne :
« Nous ne toucherons pas à l’âge de départ à la retraite, ni au niveau des
pensions. » Les décisions avaient été repoussées à la semaine prochaine…
Emmanuel Macron aura – t – il la sagesse
ou l’intelligence de suspendre son projet de régression et d’entendre les
propositions alternatives ? Pas sûr. Mais, déjà impopulaire, il prend le
risque d’un conflit majeur et durable, susceptible d’agréger de multiples
colères. Il n’en sortirait pas vainqueur à moyen terme.
La régression
dont cette réforme est porteuse appelle à débattre de ce que pourrait être un
progrès partagé. Les partis de gauche ont décidé de s’y mettre le 11 décembre. Mais
tous les citoyens sont concernés, et en premier lieu les jeunes, qui seraient
les plus violemment frappés par le système à points. Le sociologue Pierre
Bourdieu rappelait : « L’histoire sociale enseigne qu’il n’y a pas de
politique sociale sans un mouvement social capables de l’imposer. » Nous y
sommes.
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