« Ce cadeau caché au grand patronat », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
C’est
un régime vraiment spécial que concocte le pouvoir pour ses chers « premiers
de cordée ». Au-delà de 10 000 euros de salaire brut mensuel, la
cotisation retraite descendrait à 2,8%. Cette ignoble disposition recèle des
effets pervers que nos gouvernants prétendent combattre pour mieux la faire
fructifier. Cette exonération de cotisations va en effet amputer la caisse du
régime unique qu’ils prévoient, de 4,8 milliards d’euros par an. Soit 72
milliards jusqu’en 2040, année prévue pour l’entrée en vigueur totale du
nouveau système ! Une somme dont devront s’acquitter, pendant une longue
période de transition, tous les salariés du pays.
Le scandale
ne s’arrête pas là. Les employeurs, n’ayant plus de cotisations à verser
au-delà de ce montant mensuel, économiseront 43 milliards d’euros en vingt ans.
Comme sont rares les petites et moyennes entreprises qui rémunèrent leurs
cadres au-delà de 10 000 euros, ce sont les très grosses entreprises qui
bénéficieront de l’incroyable manne.
Les milieux
patronaux et libéraux pousseront alors des cris d’orfraie devant le déficit et
l’envolée de la dette publique qu’ils auront eux-mêmes aggravée pour mieux
dérouler le tapis rouge au fonds financiers et aux assureurs, qui pourront
délivrer aux salariés qui le pourront le nouveau « plan d’épargne retraite »
lancé en octobre dernier. La défiscalisation de celui-ci – comme inscrit dans
la loi Pacte – va grever plus encore les finances publiques, de 1’2 milliards
par an. Ce sont en tout, 90 milliards d’euros que le saccage du système
solidaire permettra des transférer dans les poches des puissances d’argent
alors que l’âge de départ en retraite sera sans cesse repoussé et le niveau de
pensions abaissé jusqu’à 55% du dernier salaire.
Le
système par points n’est donc que le cheval de Troie d’une intégration forcée
des retraites à la violence des logiques du capitalisme financier. Et l’organisation
de l’augmentation continue de la dette sert ce dessein. Les travailleurs ne s’y
trompent pas. Ils n’ont pas besoin de pédagogie gouvernementale. Ils ont
compris qu’il n’y a aucune trêve dans la guerre sociale qu’on leur livre
derrière les mots totalement pervertis « solidarité », « universalité »,
« équité » crachés par les haut-parleurs de la Macronie. Seulement 19%
des employés et ouvriers soutiennent le funeste projet gouvernemental. Ils ont
bien conscience des destinataires des cadeaux cachés.
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