« UNE PROVOCATION DANS LES FORMES », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Plus de dix-huit mois de fausse concertation pour en arriver, hors quelques mesures secondaires destinées à faire illusion et un discours qui se voulait rassurant, à sortir du chapeau ce qui, en réalité, y était depuis le début. Il ne fait pas de doute que le pouvoir veut user les grévistes et l’opinion. C’est une politique du pire et de l’irresponsabilité vis-à-vis du pays et de la République.
Après l’intervention d’Édouard Philippe hier
midi, un premier constat s’impose. Le président de la République et le
gouvernement sont prêts à bloquer durablement le pays, à faire vivre aux
Français, qu’ils soient grévistes ou non, des jours difficiles, pour une
réforme qui n’est approuvée que par le seul Medef et plus exactement par le
haut du panier du patronat. Il n’y avait hier que Geoffroy Roux de Bézieux, son
président, pour saluer « un bon équilibre entre une réforme qui est redistributive
et le fait qu’il faut, quand c’est possible, qu’on travaille plus longtemps ».
Cela, le patronat le voulait, le pouvoir le veut en se conformant, comme on l’a
révélé, à la check-list du fonds de pension BlackRock. Il le veut et il le
tente.
L’intervention d’hier ne règle absolument rien.
Nombre de commentateurs pariaient ces jours derniers sur un discours du premier
ministre qui aurait selon eux la vertu de rallier les syndicats dits
réformistes, et donc les plus coopératifs. L’Unsa et la CFDT semblaient en
effet en position d’attente et plutôt réservés à l’égard et à l’écart du
mouvement social, mais leur réaction ne s’est pas fait attendre. Pour les deux
organisations, « la ligne rouge est franchie », avec un âge de départ qui
serait reporté de fait à 64 ans ou plus pour une retraite à taux plein – et
lequel ? –, quand bien même l’âge pivot, comme on dit, resterait à 62 ans. Les
syndicats déjà dans le mouvement, dont la CGT bien évidemment, appellent à
renforcer la grève.
Que cherche le pouvoir ? En y mettant les
formes, en ayant même le culot, c’est le mot, de se référer aux lendemains de
la Libération et en affirmant qu’il n’y aurait pas « de vainqueurs et de
vaincus », le premier ministre s’est livré à ce qu’il faut bien appeler une
provocation. Plus de dix-huit mois de fausse concertation pour en arriver, hors
quelques mesures secondaires destinées à faire illusion et un discours qui se
voulait rassurant, à sortir du chapeau ce qui, en réalité, y était depuis le
début. Il ne fait pas de doute que le pouvoir veut user les grévistes et
l’opinion. C’est une politique du pire et de l’irresponsabilité vis-à-vis du
pays et de la République
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