« Comédie », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Ne soyons
pas coincés. On peut saluer l’artiste. En arrivant dimanche à son séminaire
gouvernemental quand le thermomètre flirtait avec le zéro, en veste et en
chemise au col largement ouvert, le premier ministre a bien fait passer le
message. Cool, détendu, « même par peur »…Un peu surjoué peut-être,
au risque de prendre du mal. On galèje, mais en réalité la comédie
gouvernementale est navrante pour l’intelligence et la démocratie.
Qui peut
croire sérieusement que c’est à quatre jours de la mobilisation qui s’annonce
que les ministres allaient se mettre au point sur une réforme dont on nous dit
qu’elle a été discutée pendant des mois et dont la lettre floue ne masque pas
la logique claire : mettre en cause le système actuel en baissant les
pensions, sans toucher en quoi que ce soit, comme le soulignait hier matin l’économiste
Thomas Piketty sur France Inter, aux inégalités et aux écarts de revenus entre
les premiers de cordée et la masse des Français.
Les Français,
justement. Nous sommes en pleine manipulation du langage. Il ya aurait donc, d’un
côté, des salariés déterminés coûte que coûte à défendre leurs privilèges, et,
de l’autre, « les Français » appelés à se préparer à survivre ?
Rien de moins. Relayée jusqu’à plus soif dans les médias, c’est la stratégie de
déni du gouvernement, pour tenter de diviser les salariés, opposer grévistes et
manifestants au pays fantasmé des « usagers », et surtout conjurer la
réalité à laquelle il est confronté. Les deux tiers des « Français »
ne lui font aucune confiance sur cette question des retraites. Toute et tous
sont concernés, toutes et tous commencent à y voir plus clair et à faire leur
compte en s’apercevant qu’il n’y est pas, parfois dans des proportions
considérables, comme pour les enseignants, pour ne prendre que cet exemple. En affectant
la sérénité, en semblant presque se mentir à eux-mêmes, le gouvernement, le
premier ministre et le président sont dans une surenchère d’irresponsabilité. La
comédie ne suffit pas.
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