LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mardi 10 décembre 2019

" Le clientélisme, qu'est-ce que c'est exactement " ?




En ces temps de campagne municipale, il est beaucoup question dans les médias de « clientélisme ». Nous croyons bon d’éclairer nos lectrices et nos lecteurs sur ce que l’on entend par là. En politique le clientélisme est clairement défini comme étant un engagement entre un citoyen et un élu, chacun étant bien identifié par l’autre. Les élu-e-s octroient un certain nombre de biens et de services en échange d’un soutien politique. Cependant, ces pratiques restent des échanges plus ou moins tacites, puisque les élu-e-s ne peuvent pas contrôler le vote des citoyens auxquels elles, ils ont rendu service. C’est un peu « la justice pour tous, la faveur pour mes ami-e-s ».

La pratique du clientélisme revient à préparer la prochaine campagne électorale. Le plus simple consiste en un pacte humain sérieux basé sur la parole donnée ou le service rendu par l’élu(e) qui doit se payer comptant. L’offre classique étant entendue ou sous-entendue : « Au moment de l’élection, tu votes pour moi car tu connais le service que je t’ai rendu, à toi, à ta famille, à ton association ».

Parmi les biens les plus fréquemment utilisés à des fins clientélistes on trouve :
  • Les emplois dans les collectivités locales. Ce sont en général des emplois publics peu qualifiés.
  • Le logement social, autre grande ressource et moyen d’action, avec l’attribution d’un certain nombre d’appartements dans le parc social.
  • Les tolérances sur l’utilisation de l’espace, notamment concernant les permis de construire.
  • Les places en crèche
  • Les subventions octroyées à des associations.
  • les promesses faites à ses colistiers d'obtenir "une bonne place en cas d'élection"
Les politiques clientélistes s’adressent prioritairement aux classes pauvres et démunies. Face à un système administratif qu’elles comprennent mal, il n’est pas surprenant que les systèmes clientélistes s’appuient sur des personnes dans un besoin social urgent. Il faut reconnaître au système clientéliste sa capacité à prendre en compte les besoins des nouveaux arrivants. Entrer dans une relation d’échange -service contre soutien politique - est une forme d’intégration politique. Alors que la distribution de logements ou d’emplois concerne plutôt les plus pauvres, la distribution de subventions permet d’atteindre d’autres catégories.
Dans tous les cas, à chacun d’entretenir ou de développer sa clientèle et les mandats seront bien gardés.

Pour que cela fonctionne, les échanges purement clientélistes doivent être des faveurs personnalisées et distillées : «  toi tu auras ce que tu me demandes parce que je le veux bien ». L’idéal est que ces attributions soient arbitraires et noyées dans une gestion des services publics la plus opaque possible, à la limite de la légalité. Parfois les commissions d’attribution sont bidon ou inexistantes.


Le lien entre le clientélisme et la politique existe mais le premier est la négation de l’autre. Les pratiques clientélistes se moquent des projets et des programmes. L’engagement du citoyen « clientélaire » ne repose donc ni sur un contenu ni sur des perspectives d’avenir. Le clientélisme repose sur un échange entre élus et électeurs. La quête de l’électeur c’est la base de la démocratie. Et le suffrage ne va pas forcément au meilleur, après un intense débat d’idées. Non il faut mouiller la chemise, il faut aller voir les gens, il faut s’intéresser à ce qu’ils vous disent et ce qu’ils vous disent n’est pas nécessairement ce que vous avez envie de leur dire. De ce fait combattre le clientélisme ne doit pas conduire à remettre en cause la démocratie. S’occuper des gens n’est jamais dégradant. Et cela n’est pas en soi du clientélisme.

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