" Le clientélisme, qu'est-ce que c'est exactement " ?
En ces temps de campagne municipale, il est beaucoup question dans les
médias de « clientélisme ». Nous croyons bon d’éclairer nos lectrices
et nos lecteurs sur ce que l’on entend par là. En politique le clientélisme est
clairement défini comme étant un engagement entre un citoyen et un élu, chacun
étant bien identifié par l’autre. Les élu-e-s octroient un certain nombre de
biens et de services en échange d’un soutien politique. Cependant, ces
pratiques restent des échanges plus ou moins tacites, puisque les élu-e-s ne
peuvent pas contrôler le vote des citoyens auxquels elles, ils ont rendu
service. C’est un peu « la justice pour tous, la faveur pour mes
ami-e-s ».
La pratique du clientélisme revient à préparer la prochaine campagne
électorale. Le plus simple consiste en un pacte humain sérieux basé sur la
parole donnée ou le service rendu par l’élu(e) qui doit se payer comptant.
L’offre classique étant entendue ou sous-entendue : « Au moment de
l’élection, tu votes pour moi car tu connais le service que je t’ai rendu, à
toi, à ta famille, à ton association ».
Parmi les biens les plus fréquemment utilisés à des fins clientélistes on
trouve :
- Les
emplois dans les collectivités locales. Ce sont en général des emplois
publics peu qualifiés.
- Le
logement social, autre grande ressource et moyen d’action, avec
l’attribution d’un certain nombre d’appartements dans le parc social.
- Les
tolérances sur l’utilisation de l’espace, notamment concernant les permis
de construire.
- Les
places en crèche
- Les
subventions octroyées à des associations.
- les promesses faites à ses colistiers d'obtenir "une bonne place en cas d'élection"
Les politiques clientélistes s’adressent prioritairement aux classes
pauvres et démunies. Face à un système administratif qu’elles comprennent mal,
il n’est pas surprenant que les systèmes clientélistes s’appuient sur des
personnes dans un besoin social urgent. Il faut reconnaître au système
clientéliste sa capacité à prendre en compte les besoins des nouveaux
arrivants. Entrer dans une relation d’échange -service contre soutien politique
- est une forme d’intégration politique. Alors que la distribution de logements
ou d’emplois concerne plutôt les plus pauvres, la distribution de subventions
permet d’atteindre d’autres catégories.
Dans tous les cas, à chacun d’entretenir ou de développer sa clientèle et
les mandats seront bien gardés.
Pour que cela fonctionne, les échanges purement clientélistes doivent être
des faveurs personnalisées et distillées : « toi tu auras ce que tu
me demandes parce que je le veux bien ». L’idéal est que ces attributions
soient arbitraires et noyées dans une gestion des services publics la plus
opaque possible, à la limite de la légalité. Parfois les commissions
d’attribution sont bidon ou inexistantes.
Le lien entre le clientélisme et la politique existe mais le premier est la
négation de l’autre. Les pratiques clientélistes se moquent des projets et des
programmes. L’engagement du citoyen « clientélaire » ne repose donc
ni sur un contenu ni sur des perspectives d’avenir. Le clientélisme repose sur
un échange entre élus et électeurs. La quête de l’électeur c’est la base
de la démocratie. Et le suffrage ne va pas forcément au meilleur, après un
intense débat d’idées. Non il faut mouiller la chemise, il faut aller voir les
gens, il faut s’intéresser à ce qu’ils vous disent et ce qu’ils vous disent
n’est pas nécessairement ce que vous avez envie de leur dire. De ce fait
combattre le clientélisme ne doit pas conduire à remettre en cause la
démocratie. S’occuper des gens n’est jamais dégradant. Et cela n’est pas en soi
du clientélisme.
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