" Cliquailles ", l'éditorial de Patrick Apel-Muller dans l'Humanité de demain mardi 17 décembre !
Jean-Paul Delevoye tombe dans un bruit de « cliquailles », comme l’écrivait le
poète Clément Marot. Le haut-commissaire avait si bien confondu ses devoirs
publics et ses intérêts privés que la liste des fauteuils où il siégeait et des
émoluments qu’il touchait, était devenue un véritable feuilleton. Pas un vol,
mais un mélange trop banal dans les milieux dirigeants. La voracité des
assurances privées semblait percer ainsi sous le régime universel. «
Toutes les passions et toutes les activités sont englouties dans la cupidité »,
disait Marx du capitalisme… Ainsi se tisse la trame du « nouveau monde ».
L’architecte de la réforme des retraites n’est que le douzième d’une liste
de ministres démissionnaires depuis l’élection présidentielle, dont une
majorité pour des soupçons d’affaires d’argent. Mais sa chute ne signifie pas
la disparition de son projet, de bien plus grande conséquence pour les salariés
que ses rémunérations indues ou oubliées. Pour que ce texte soit retiré, il
faudra plus encore, des centaines et des centaines de milliers de manifestants
supplémentaires, des grèves obstinées, une solidarité générale avec les
combattants du quotidien, ceux des écoles et du rail, des raffineries ou des
hôpitaux, des ports et des routes.
La journée d’action aujourd’hui pèsera lourd dans la balance, bien plus
qu’une démission, pour que l’entêtement d’Emmanuel Macron à briser le droit aux
retraites ne perturbe pas Noël. L’Élysée a choisi le calendrier pour faire un
chantage aux fêtes de fin d’année et imposer une régression qui viole ses
promesses de campagne, de « ne pas toucher à l’âge de départ et au montant des
pensions ».
Le choix n’est pas corseté par le dilemme régression ou statu quo. Des
projets solidement bâtis sont avancés pour financer un système qui garantirait
un progrès pour tous les salariés et ceux qui souffrent de la précarité (voir
page 12). Ainsi le présent des jeunes, premier sacrifié par le projet
gouvernemental, ne reculera pas dans le passé.
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