« La rue et la raison », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Comme
il y a le fromage et le dessert, il y aurait débat et matraque mais le débat
est piégé et la matraques est réelle. Piégé parce qu’Emmanuel Macron n’entend
pas changer de politique. Tout est déjà préprogrammé pour de nouvelles
régressions. Les mesures concernant les chômeurs en sont une illustration. La matraque,
elle, ne chôme pas. La thématique de la violence est omniprésente. Les cas
extrêmes, dont certains sont évidemment condamnables, sont instrumentalisés,
tandis que le premier ministre annonce de « nouvelles » mesures
répressives qui en fait existent déjà et que nombre de celles qui relevaient de
l’état d’urgence sont inscrites dans les textes.
L’exercice
du pouvoir depuis le début du quinquennat est autoritaire. Qu’on se souvienne
des parodies de consultation sur la loi travail ou la SNCF, de la volonté
affirmée de réduire, en plus du nombre de parlementaires, les pouvoirs et les
prérogatives de l’Assemblée ou, ce n’est pas anecdotique, de contester lors de
l’affaire Benalla, la légitimité de la commission d’enquête du Sénat.
La macronie
pensait sans doute l’avoir emporté sur « les corps intermédiaires »
et les élus. On voit le résultat. Ce qui s’exprime désormais dans la durée, c’est
la colère sourde qui taraudait une France en souffrance, prenant comme des
directs à l’estomac les provocations du président, qu’elles soient verbales ou
bien concrètes, comme la suppression de l’ISF, ce premier acte du mandat en
même temps que la réduction des APL. Le pouvoir ne se lavera pas de tout cela
avec un semblant de débat et le recours à l’autoritarisme et à la force. La fuite
en avant ne le mènera nulle part et la France non plus. Des réponses doivent
être apportées au plus vite au pays, en termes de pouvoir d’achat, de
démocratie, de fiscalité plus juste, d’arrêt des entreprises de régression
sociale. La rue le veut comme la raison.
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