« LA CHASSE », L’EDITORIAL DE JEAN-EMMANUEL DUCOIN DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN JEUDI 3 JANVIER
Chassez le naturel, il revient toujours en marche ! L’exécutif n’a donc pas
pu s’en empêcher, comme si la méthode, par son caractère inné, en disait tout
autant que le fond de la question elle-même. Cette fois, ce sont les chômeurs
qui vont trinquer… mais pas au champagne, eux ! Alors que patronat et syndicats
négocient actuellement une nouvelle « refonte » du régime d’assurance-chômage,
le gouvernement vient de concocter une surprise qui n’a rien d’un cadeau de fin
d’année pour les plus démunis. Il s’agit d’un petit décret de derrière les
fagots, paru in extremis, dimanche 30 décembre, juste avant le passage à
l’an 2019. Pour justifier cette méthode une nouvelle fois autoritaire, le but
était tout trouvé : renforcer les sanctions encourues par les chômeurs qui ne
« recherchent pas suffisamment un emploi ». Encore et toujours la
stigmatisation des sans-emploi, accusés d’être des fraudeurs. Mais, sachez-le,
ce serait une cause de salubrité publique à en croire la porte-parole des
députés LaREM, Aurore Bergé, qui n’hésite pas à évoquer une « logique de
justice » pour justifier ce coup de bâton. Lors de ses vœux, Macron avait
prévenu : « Le gouvernement dans les prochains mois devra poursuivre ce travail
pour changer en profondeur les règles de l’indemnisation du chômage afin
d’inciter davantage à reprendre le travail. »
Nous y voilà déjà. En plus des critères de géographie ou de qualification,
qui ne comptent plus dans les décisions de Pôle emploi, le décret restreint
désormais les possibilités de refuser une proposition parce qu’elle est mal
rémunérée. Le diable se niche dans les détails, puisque le texte abroge, en
effet la définition du « salaire antérieurement perçu », qui jusque-là était
pris en compte pour déterminer le caractère « raisonnable » de l’offre. Bref,
ce sera la prime aux emplois dégradés, ou rien !
Résultat ? La chasse est ouverte et les radiations vont s’enchaîner,
aggravant la précarisation des chômeurs. Petit rappel : la fraude patronale
représente 20 à 25 milliards d’euros par an…
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