CONTRE-FEUX. EN MACRONIE, TOUTES LES VIOLENCES N’INDIGNENT PAS (JULIA HAMLAOUI)
Alors que le gouvernement surenchérit sur les violences en manifestation, la violence, elle, est passée sous silence.
Le gouvernement n’a de cesse de dénoncer la violence, n’hésitant pas à
jouer la carte de la peur et de la surenchère à propos du mouvement des gilets
jaunes. « Il faut que le droit soit respecté, que l’ordre républicain soit
respecté (…), la violence, c’est la loi du plus fort et aujourd’hui cette
violence-là est insupportable », a encore affirmé jeudi le ministre des
Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Cette « violence-là », certes, n’est
pas acceptable, mais il est des violences – sans même parler des violences
policières – dont l’exécutif en revanche ne parle jamais. Si le même Le Drian
reconnaît « une vraie souffrance de la part des gilets jaunes », il s’empresse
d’ajouter que le président a « entendu », pour mieux fermer le ban. Mais la
violence, pour certains, perdure… et au quotidien. Au vu des mesures annoncées,
l’exécutif ne semble pas en prendre la mesure. Petite leçon de rattrapage à
usage du gouvernement sur les violences qu’il s’emploie à taire (et pour cause,
sa politique en est à l’origine). Quand seules des miettes sont lâchées à ceux
qui, au RSA, doivent tenir le mois entier avec 550 euros – alors même que le
seuil de pauvreté est de 855 euros. Quand l’exécutif se targue de « simplifier
le Code du travail » en supprimant les CHST, tandis que plus de 620 000
accidents du travail étaient recensés en 2016, dont plus de 34 000 ont entraîné
des incapacités permanentes et plus de 500 la mort. Quand la BNP, à l’instar de
nombreux groupes du CAC 40, supprime 5 000 postes tout en ayant distribué 3,7
milliards à ses actionnaires en 2018… Il est aussi une autre violence dont le
président en personne use et abuse : des « illettrées de Gad » à « ceux qui ne
sont rien ». La violence des mots, traînant sa charrette de mépris de classe,
est devenue monnaie courante en Macronie. C’est sans doute par là et par une
réponse à la hauteur des aspirations à vivre dignement que commence la
désescalade.
Enregistrer un commentaire