FLAMMES RENDUES », L’EDITORIAL DE PATRICK APEL-MULLER DANS L’HUMANITÉ DE DEMAIN LUNDI 7 JANVIER
Antonin Artaud, dont l’œuvre vient de tomber dans le domaine public,
évoquait, parlant de la poésie, « la multiplicité broyée et qui rend des
flammes ». L’image va comme un gilet jaune à ces dizaines de milliers de
personnes qui ont défilé samedi dans les villes de France. Le gouvernement
espérait que les fêtes étoufferaient la braise. Las… La colère est trop ardente
et des mesurettes ne sauraient l’éteindre.
Désemparée par le soutien massif de l’opinion publique au mouvement, la
majorité LaREM monte en épingle les violences de petits groupes pour tenter de
le discréditer. Quitte à provoquer les affrontements, comme à Sevrey, en
Saône-et-Loire, où une quinzaine de manifestants ont été mis en garde à vue
pour avoir bloqué un entrepôt d’Amazon, un de ces géants qui évite l’impôt et
amasse des fortunes. La vidéo d’un commissaire de police frappant de bon cœur
des manifestants à Toulon confirme aussi que les consignes de fermeté
d’Emmanuel Macron sont prises à la lettre… Le prétexte de l’enfoncement
imbécile de la porte d’un secrétaire d’État fait tourner en boucle un discours
de la peur, où s’inventent les « menées de factieux ». Intelligemment, des
milliers de femmes ont répliqué, hier, déterminées et pacifiques, montrant par
leurs défilés l’ancrage de la protestation au cœur de la population.
Déjà, le débat national annoncé se dissout dans l’obstination du pouvoir à
défendre les privilèges du 1 % de la population qui s’enrichit à pleine vitesse
sur le dos des 99 %. Voilà qui menace plus sûrement la République que les
revendications d’augmentation du Smic, des retraites et des minima sociaux, de
rétablissement de l’ISF ou de mise en place de référendums citoyens. Quand la
loi est mal faite, il faut la changer. C’est d’ailleurs, après les prud’hommes
de Troyes, ce qu’ont rappelé, ceux d’Amiens en jugeant contraire au droit
international et aux conventions signées par la France la fixation par la loi
Macron d’un barème plafonnant les indemnités d’un salarié licencié. L’Élysée
hors-la-loi ?
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