« Priorités », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Un an
après le drame qui a endeuillé la rue d’Aubagne, seuls 17 millions d’euros ont
été versés par l’État pour résorber l’habitat indigne à Marseille, sur les 240
millions promis à l’époque. Bien sûr, chacun sait que la réhabilitation des quartiers
est une affaire des temps longs. Les nouveaux logements ne sortent pas de terre
aussi vite que les champignons. Le gouvernement a d’ailleurs annoncé qu’une
société d’aménagement dotée d’un budget sur quinze ans était en cours de
constitution. Mais la politique est aussi une affaire d’affichage des
priorités.
Tarder
à investir les fonds attendus, dans la ville qui concentre à elle seule 10% des
taudis en France, est effectivement une indication lourde. Surtout si on la
rapproche d’une autre information, sortie d’un rapport sénatorial tout frais
sur les effets d’une mesure emblématique du quinquennat d’Emmanuel Macron :
la transformation de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) en impôt sur la
fortune immobilière (IFI). Aucun lien, dira-t-on ? Il faut pourtant
choisir : on ne peut pas répéter que l’argent public est rare et qu’il
faut le dépenser à bon escient, et fermer les yeux sur les prodigalités
accordées aux plus fortunés pendant que 100 000 personnes, prisonnières de
lieux indignes d’être habités dans la deuxième ville de France, doivent
attendre des années les budgets nécessaires. D’autant qu’il est question avec l’IFI,
de recentrer l’impôt sur la « rente immobilière », spécialité des
marchands de sommeil.
Or,
que dit le rapport, que sur les 228 000 nouveaux exemptés d’IFI en 2018
grâce aux règles fiscales qui exonèrent les fortunes financières, 1317 sont détenteurs
d’un patrimoine supérieur à 10 millions d’euros. Montant de la remise acquittée
à ces derniers sur les finances de l’État : 143 millions d’euros. 108 000
par foyer et par an. De quoi s’offrir un T2 à Marseille, au prix moyen du mètre
carré…il y a des chiffres plus parlants que tous les discours.
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