« De silence et de sang », l’éditorial de Stéphane Sahuc dans l’Humanité de ce jour !
Le contact
est rétabli avec l’Iran. Mais le plus grand flou demeure encore sur l’ampleur
de la répression qui s’est abattue sur le peuple iranien ces derniers jours. Des
milliers de manifestants auraient été arrêtés. Des dizaines et des dizaines
tués. Dans plus de cent villes, la colère et le désespoir ont transformé ces
mobilisations populaires en véritables moments insurrectionnels. Soulèvement d’un
peuple écrasé dans le sang, épilogue tragique d’espérances de changement
étouffées par des sanctions économiques.
Qui se souvient qu’il y a moins de quatre ans,
la jeunesse iranienne descendait en liesse dans les rues pour se réjouir de l’accord
sur le nucléaire iranien, lequel devait ouvrir la voie à de meilleures
conditions de vie de tout un peuple ? Qui se souvient qu’il y a moins de
trois ans, Hassan Rohani – considéré comme un adversaire par les durs du régime
– était réélu triomphalement sur une promesse d’assouplissement et d’amélioration
de la vie des Iraniennes et des Iraniens ? La liquidation de l’accord et l’imposition
des « sanctions les plus dures de l’histoire », promises par l’administration
Trump, ont plongé l’Iran dans une situation économique plus difficile encore
que celle que le pays vécue lors de la guerre avec l’Irak de Saddam Hussein
dans les années 1980. Bilan : cela n’a fait que renforcer la mainmise des
Gardiens de la révolution, architectes du soutien aux milices chiites d’Irak,
au Hezbollah libanais ou au gouvernement syrien de Bachar Al Assad, sur une
économie nationale asphyxiée… Exactement ce contre quoi manifestaient les
Iraniennes et les Iraniens en décembre 2017, lesquels ne comprennent pas que
leur gouvernement investisse tant dans leur l’influence régionale et si peu
pour alléger leurs souffrances. En Iran, le souffle, l’espoir de 2015, a été
étouffé deux fois : d’abord, dans les sanctions, et ensuite, dans le sang,
Les mollahs, eux se portent bien.
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