« Bouleversé », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Emmanuel
Macron, à ce qu’il paraît, aurait été bouleversé par le film les Misérables, de
Ladj Ly, qui sort demain sur les écrans après avoir fait sensation à Cannes et
qui est consacré à une flambée de violence en banlieue après une bavure
policière. Il aurait même demandé à ses ministres d’agir au plus vite pour
apporter des réponses à la situation des quartiers les plus en difficulté. On ne
sait s’il fera part de son émotion aux 12000 maires de France réunis depuis
hier à Paris et devant lesquels il doit, cette année, intervenir, ce qu’il
avait évité l’an passé. Il pourrait peut-être se confier aussi, entre deux
petits fours aux 2000 d’entre eux qu’il a décidé de cajoler en les recevant à l’Élysée.
Ils devraient y être attentifs et particulièrement ceux qui avaient travaillé
avec Jean-Louis Borloo à la définition d’un plan minutieux pour les banlieues,
balayé d’un désinvolte revers de main au printemps 2018.
L’anecdote
sur les Misérables en dit long. Il aurait donc fallu plus de deux ans à
Emmanuel Macron pour s’apercevoir qu’il y a des problèmes dans les territoires
urbains « oubliés » de la République. De la même manière, il lui aura
fallu dix-huit mois après son élection et la mobilisation des gilets jaunes pour
qu’il mesure l’ampleur des problèmes des plus modestes dans tous les
territoires de la République autres que ceux où rayonnent les startuppers, les
premiers de cordée et les petits marquis fringants de la macronie.
Avec
le contre-feu du grand débat, dont on saisit aujourd’hui la nullité des
résultats, il avait voulu poster les maires en première ligne, quitte à leur
redonner les apparences d’une importance qu’il avait totalement négligée. À l’ouverture
de ce congrès, il doit faire face à leur insatisfaction en matière de finances
locales, de démocratie locale, de statut des élus, mais avec deux objectifs
politiques. Les gagner à sa politique ou s’assurer au moins de leur neutralité face à l’éventualité d’une
tempête sociale. Éviter le camouflet qui guette la République en marche pour
les municipales. Ce n’est pas gagné.
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