« Contre la mort », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Tous
les deux jours ou presque cette année en France, une femme est morte sous les
coups d’un compagnon, d’un mari, d’un ex. c’est d’abord le cri qui retentira
samedi dans Paris : Stop. C’est monstrueux, c’est insupportable. Un peu
partout dans la capitale et les grandes villes on a vu s’afficher ces dernières
semaines des mots de révolte, en hautes lettres noires, comme ceux-ci « on
ne tue jamais par amour », « Papa il a tué maman » ou parfois un
prénom et : « battue à mort ».
Les femmes
se lèvent. Depuis le 1er janvier, plus de 200 000 femmes ont
été victimes violences, plus de 12000 cas de menaces de mort ont été
enregistrées par la police ou la gendarmerie. Combien ne l’ont pas été ?
Lundi, le Grenelle sur les violences faites aux femmes devrait rendre ses
conclusions. Il y a eu, depuis trois mois, un vrai travail d’état des lieux, de
recommandations. Des associations, des syndicats, des élus ont été laissés de
côté. Surtout, on sait déjà que les moyens seront très loin de ce qu’il
faudrait pour faire face à la prise en charge des femmes concernées et plus
encore de ce qu’il faudrait pour de vraies politiques de prévention, quand il
ne s’agit pas de tours de passe-passe. Les sommes dévolues à l’hébergement d’urgence
correspondent à celles qui avaient été supprimées en 2018 !
Mais
il y a plus. Car les violences faites aux femmes sont la cristallisation
meurtrière d’une oppression millénaire qui perdure. Elle est dans les
mentalités patriarcales, elle est dans la vie sociale, dans les inégalités
salariales, elle est dans l’entreprise…Plus une femme est fragilisée
socialement et plus elle est en danger, quand bien même la violence peut s’exercer
dans tous les milieux. Les femmes se lèvent et avec elles tous ceux qui ne
supportent plus d’être les instruments d’un pouvoir mâle inique. Il est
question d’égalité, mais plus encore. Le féminisme n’est pas seulement une
exigence de justice, c’est un levier pour le progrès social en même temps qu’un
combat contre la mort.
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