« Éruption Sociale », (Patrick Le Hyaric)
Une force
populaire est en train de se créer. Par dizaines de milliers les personnels de
santé, urgentistes, aides-soignants, médecins, chirurgiens, se mobilisent dans
tout le pays pour défendre l’hôpital public gangrèné par la précarité, les bas
salaires, le sous-investissement et ainsi placé en concurrence avec un secteur
lucratif à l’appétit insatiable. Ce massif mouvement défend un bien commun qui
fait la fierté et la renommée de la République française, façonné par les
combats populaires et l’action de progressistes au gouvernement, dont des
communistes comme A. Croizat ou M. Thorez. Il repose sur un système original de
soins socialisés que les
populations défendent.
Voilà
qui a contraint le Président de la République à annoncer « un plan
d’urgence» pour les hôpitaux. Au moment même où sa majorité parlementaire
entérinait le sous-financement des politiques de soins, promettant un
« objectif national de dépenses d’assurance maladie » en hausse de
seulement 2.1% quand la Cour des comptes prévoit une croissance des dépenses de
santé de 4.4%. Concrètement, ce sont 800 millions d‘euros d’économies
s’ajoutant aux huit milliards d’économies imposés qui étaient réclamés aux
travailleurs de la santé alors que tout explose, des conditions de travail aux
conditions d’accueil des patients ! Honneur aux sénateurs communistes qui
ont obtenu l’arrêt du débat sur le budget de la sécurité sociale.
Parallèlement, ce sont les étudiants
qui crient leur détresse après qu’un des leurs se soit immolé devant un CROUS à
Lyon, symbole des politiques publiques en direction des universités. La
conscience grandit que la terrible précarité qui les frappe entre en
contradiction avec le défi d’une démocratisation de l’enseignement supérieur.
Les gilets jaunes, de leur côté, réactivent leur action pour la justice
sociale, fiscale, et la démocratie. Pompiers, enseignants, policiers,
professionnels de la justice se mobilisent pour pouvoir vivre de leur travail
et accomplir leurs
missions de service public.
C’est
bien la même colère sociale et politique contre les choix d’austérité issus des
critères du traité de Maastricht, et pour l’égalité et la démocratie, qui
ébranle chaque profession en lutte, chaque segment de la société.
Le pouvoir veut conjurer par tous
les moyens la convergence de ces colères. Surtout de puissantes forces
travaillent pour priver ces mouvements de tout débouché politique progressiste
en construisant un très dangereux « duo-duel » entre le président et
la cheffe de l’extrême droite. Celle-ci étant consacrée dans le médias-business
comme « représentante des classes populaire ». Le gouvernement,
pousse au glissement de la doctrine classique de sécurité, vers une doctrine de
l’affrontement comme le propose le nouveau « schéma national du maintien
de l’ordre », fut-ce au prix de blessés supplémentaires, si ce n’est pire.
En fermant une à une les portes du débat démocratique, le président de la République portera la responsabilité de l’intensité du
mouvement social qui s’annonce à partir du 5 décembre prochain.
La contre-réforme des retraites qui
vise à faire tomber un pilier décisif du modèle social français en faisant main
basse sur le magot des caisses socialisées au profit du système bancaire et
assurantiel, est annoncée par le gouvernement comme « la mère des
batailles ». Elle doit l’être également pour le mouvement social. Dès
maintenant, dans les lieux de travail et les espaces collectifs, les
discussions doivent être menées à bâton rompu avec chacune et chacun pour
dégager une issue sociale, démocratique et écologique au macronisme. Celle-ci
passe par l’unité populaire et l’union de raison des forces progressistes
qu’elles soient politiques syndicales, associatives, écologistes. Les enjeux
sont trop importants, trop grave, pour continuer à tergiverser, à commencer par
la préparation des élections municipales. Un mouvement
populaire d’ampleur le 5 décembre ouvrirait une période nouvelle.
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