« Addictions », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Des Gueules cassées aux dividendes. A sa création, la Loterie
nationale, devenue Française des jeux, avait été pensée pour venir en aide aux « blessés
de la face et de la tête », autrement dit aux anciens combattants de la
Première Guerre mondiale et rescapés de la grande boucherie. Avec sa
privatisation, il s’agit de faire tourner la machine aux œufs d’or qu’elle est
devenue pour servir les actionnaires. La participation de l’État à 72%,
complétée précisément par des associations mutualistes ou d’anciens combattants,
devrait être, à l’issue du processus ouvert hier, ramenée à 20%.
Alors, bien sûr, Bruno Le Maire le clame : « Les
Français seront les futurs actionnaires de la FDJ. Il en appelle à l’actionnariat
populaire, laissant espérer des gains substantiels, en tout cas supérieurs à ce
que peut rapporter aujourd’hui le livret A, pour ne prendre que cet exemple. Encore
faut-il que ce soit le cas, ce qui n’est pas assuré. Mais on peut tout de même
avoir face à cela une réaction d’abord morale. En clair, on va inviter les
Français, s’ils veulent gagner plus, à encourager le jeu. Mais que dit l’État
de ces chiffres, rappelés par l’économiste Christophe Rameaux : « 1%
de chiffre d’affaires en plus réalisé par la FDJ, c’est 1000 joueurs pathologiques
en plus et 6500 personnes à risques en plus. Le coût direct pour l’État des
addictions aux jeux, c’est un milliard d’euros.
Au lieu de cela, on essaie de nous faire croire que ce
serait un bien pour la nation.la réalité, c’est que la forêt qui se cache
derrière l’arbre de l’actionnariat populaire, c’est celle des grands intérêts
privés qui ne demandent qu’à croître. La religion du macronisme, c’est le culte
du capital. Il en va de même avec la privatisation d’Engie, comme avec celle d’Aéroports
de Paris, dont la seule raison est d’offrir au groupe Vinci un fructueux
monopole de fait sur l’aménagement du territoire, des boutiques de luxe de
Roissy à Orly aux autoroutes, parkings urbains et autres. L’enjeu de la
bataille contre la privatisation d’Aéroport de Paris, c’est aussi de freiner en
Macronie l’addiction aux dividendes.
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