LULA LIBRE !
Injustement incarcéré
depuis un an et demi, l'ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a été
libéré le 8 novembre. Le combat pour la démocratie au Brésil continue.
Lula Libre ! Le cri tant de fois scandé par les soutiens de l’ancien
président du Brésil est enfin devenu réalité. Le 8 avril, le leader historique
de la gauche, fondateur du Parti des travailleurs (PT) a franchi
les portes de la liberté, en sortant de la prison de Curitiba (sud
du Brésil), où il était emprisonné depuis le 7 avril 2018. Il était accompagné
des principaux responsables du PT et des « veilleurs » qui, jour et
nuit, se sont relayés devant le pénitencier depuis le premier jour de son
emprisonnement. Lula a d’ailleurs dédié ses premiers mots d’homme libre à ceux
qui ont bravé toutes les intempéries – au sens littéral comme au figuré – pour
le soutenir, et affronter la « canaille » qui l’a jeté derrière les
barreaux. .
La veille, par six voix pour et cinq contre, les juges du Tribunal suprême
fédéral (STF) avaient décidé de changer l’actuelle jurisprudence qui permettait
d’emprisonner des inculpés, alors que leurs recours n’étaient pas épuisés. Le
vote du STF a corrigé ses propres errements. En 2016, alors qu’éclatait au
grand jour le scandale de Lava Jato (lavage express) révélant les malversations
au sein de Petrobras, la compagnie pétrolière nationale, cette haute instance
juridique s’était rangée à cette jurisprudence controversée puisque contraire à
la Constitution de 1988, et au Code pénal, pour lesquels prévaut la présomption
d’innocence. Cette décision avait alors ouvert la voie à l’arbitraire.
Lula purgeait une peine de plus de huit ans de prison, malgré le vide
sidéral de son dossier et les recours déposés par ses avocats. La sentence
avait été prononcée par le juge Sergio Moro, désormais ministre de la Justice
du gouvernement d’extrême droite de Jair Bolsonaro, récompensé là, pour ses
bons et loyaux services. On le sait, Moro avait déclaré à l’époque des faits
qu’il ne possédait aucune preuve de la culpabilité de Lula, accusé d’avoir
bénéficié d’un logement triplex d’une entreprise du bâtiment en échange de
marchés publics. Qu’importe, Lula était l’homme à abattre. Ses soutiens, ainsi
que de nombreuses personnalités – le prix Nobel de la paix, Adolfo Perez
Esquivel, les anciens chefs d’Etats et de gouvernements François Hollande ou
Massimo D’Alema -, ou encore nombre de responsables de partis de gauche en
France et dans le monde, ont eu le courage de dénoncer l’acharnement politique
dont il était victime. D’autres – à commencer par les médias dominants - ont
observé un silence assourdissant, pire, certains ont alimenté une campagne
mortifère qui a participé de l’élection de Jair Bolsonaro.
Cet été le site en ligne The Intercept a confirmé un secret de
polichinelle, en révélant les échanges de messages entre Sergio Moro et les
magistrats en charge de l’enquête Lava Jato. Des messages qui confirmaient que
Lula avait été condamné pour des raisons politiques et non juridiques.
« Après le coup d’État qui m’a écartée du pouvoir, il fallait
emprisonner Lula pour que Jair Bolsonaro remporte la présidentielle », a
rappelé Dilma Rousseff, l’ancienne présidente du Brésil, lors de sa venue à la
Fête de l’Humanité en septembre, ajoutant « l’opération Lava Jato de
combat contre la corruption a été le principal outil contre l’ennemi. Le
lawfare (guerre judiciaire, NDLR) consiste à utiliser la loi pour détruire des
citoyens, mais également des candidats. Je suis pleinement favorable au combat
contre la corruption et je l’ai démontré durant mon dernier mandat. Mais
l’opération Lava Jato est devenue un instrument politique pour ôter toute
possibilité à la gauche de se maintenir au pouvoir et d’y revenir. (…) Le juge
Sergio Moro n’a pas été impartial. Il a agi en faveur de l’accusation. Il a
formulé des accusations à l’encontre de Lula alors qu’il n’avait pas de
preuves. Il a incité des témoignages à charge. Il a poussé le tribunal
supérieur fédéral à utiliser des enregistrements de conversations privées entre
Lula et moi, en sachant qu’il n’en avait pas le droit.
L’acharnement
politico-judicaire contre l’ancien président a conduit la justice à l’accabler
dans plus d’une centaine d’autres affaires. Malgré ces cabales, et une sale
campagne de dénigrements pour le discréditer, l’ancien prisonnier politique Lula
était devenu le symbole d’une démocratie malade, bâillonnée par l’extrême
droite. «Je veux que vous sachiez que je n’accepte pas de négocier mes droits
et ma liberté. J’ai déjà montré que les accusations portées contre moi étaient
fausses», a déclaré l’ex-métallo début octobre. L’ancien président est
désormais un homme libre ; le combat pour la démocratie, lui,
continue.
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