LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

vendredi 15 novembre 2019

« L’onde de choc », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !



Ils se comptent sur les doigts d’une main ces moments, dans l’histoire de la Ve République, où les classes populaires se sont réapproprié leur destin et ont imposé leur propre agenda politique. Il y a un an, des citoyens eurent cette idée géniale, ô combien allégorique, d’enfiler un gilet jaune pour se dresser contre des injustices sociales insupportables. Cette étincelle imprévisible a donné naissance à un mouvement inédit, inventif, incontrôlable qui fit vaciller en un mois l’arrogance macroniste, là où syndicats et partis de l’opposition avaient échoué à y parvenir. Un an plus tard, certes, le feu a perdu de sa vigueur, mais il crépite toujours les samedis, à un péage d’autoroute, sur un rond-point ou un boulevard parisien. Et les effets de cette onde de choc n’ont pas fini de se faire sentir.

Il en aura déjoué des pièges, ce mouvement que le pouvoir a tenté de réduire à une révolte poujadiste. L’extrême droite a bien essayé, elle aussi, d’y forcer le passage avec des diversions identitaires. Peine perdue, car les gilets jaunes ont débordé les cadres et scénarios préétablis, représentant la France dans toute sa diversité et sa complexité, tiraillée entre solidarité et préjugés, fatalisme et désirs d’inventions. Malgré le recul d’une année, cette prise de conscience brutale de la sévérité de la crise démocratique n’a peut-être pas encore tout dit du basculement profond du champ politique. Mais elle a révélé au grand jour la nature d’un pouvoir macroniste pris de vertige autoritaire pour maintenir les privilèges des plus fortunés. Si le chemin des ronds-points aux bulletins s’avère sinueux, les gilets jaunes ont ouvert la brèche de luttes victorieuses. Grâce à eux, Emmanuel Macron ne pourra pas achever son quinquennat comme il l’a commencé.

L’ampleur de la mobilisation pour sauver l’hôpital public, inédite elle aussi dans sa composition et sa longévité, serait-elle la même si les gilets jaunes n’avaient pas semé leurs cailloux. l’An II reste à écrire, et le grand mouvement social qui s’annonce le 5 décembre peut contribuer à en esquisser le premier chapitre.

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