« Indigne », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de demain mercredi !
En confirmant les futures mises en place
de quotas et d’un délai de carence pour l’accès aux soins, le pouvoir vient de
franchir un pas supplémentaire dans l’indigne, ne reculant devant rien pour
stigmatiser une partie de la population, diviser les citoyens et négliger
l’essentiel – la crise sociale.
«Quand il n’y a plus d’éthique en
politique, c’est la fin de la démocratie», nous confessait Costa-Gavras, notre
«rédacteur en chef d’un jour». Il évoquait la Grèce, le Chili, les États-Unis…
mais pas seulement. Il se disait aussi «atterré» par les
décisions d’Emmanuel Macron sur l’immigration. En confirmant les futures mises
en place de quotas et d’un délai de carence pour l’accès aux soins, le pouvoir
vient de franchir un pas supplémentaire dans l’indigne, ne reculant devant rien
pour stigmatiser une partie de la population, diviser les citoyens et négliger
l’essentiel – la crise sociale. L’«immigration choisie» façon Macron,
c’est à la fois créditer les pires projets de Nicolas Sarkozy en son temps,
mais c’est surtout choisir et assumer la politique migratoire de la droite
extrême.
La stratégie mortifère du président se
confirme. En vue de 2022, il a choisi son assurance-vie: Le Pen. Dans sa
volonté de rester en tête-à-tête avec les nationalistes, Macron dresse un
marchepied au Rassemblement national. Comme si nos malheurs sociaux et tous les
maux de la société venaient des migrants et débarquaient des bateaux perdus de
la Méditerranée. En banalisant la réaction identitaire, Macron porte à son tour
une responsabilité historique. Il flétrit la République.
Quant aux mesures annoncées, elles
s’avèrent cyniques et honteuses au regard de la protection des droits humains,
et même irresponsables du strict point de vue de la santé publique. Considérer
le migrant comme «l’ennemi», la «menace», n’est-ce pas instrumentaliser le
peuple, le renvoyer à des peurs fantasmées et, surtout, tenter de faire oublier
que le vrai ennemi s’appelle la finance, et qu’elle se moque des frontières! Ainsi,
28 pays et 500 millions d’Européens seraient dans l’incapacité
d’accueillir dans la dignité quelques dizaines de milliers d’êtres humains?
Pire, en France, il conviendrait de les trier en fonction des besoins du Medef?
Macron se présente comme l’ultime fortification contre l’extrême droite : il en
est le pont-levis.
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