Ah, Monsieur Darmanin ! (Patrick Le Hyaric)
Il ne
manquait plus que ça ! Il faut bien donner son décor à « l’union
sacrée » décrétée par le pouvoir, fut il en carton-pâte. Ainsi, M
Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics – autrement dit
« du budget soumis aux critères de stabilité » – et zélateur d’une
politique fiscale inégalitaire comme jamais, sort ses grands airs pour appeler
les Français, particuliers comme entreprises, à abonder un fonds de solidarité.
Solidarité ! Heureux que vous ayez retrouvé ce mot.
Ce fonds est
selon vos mots M. Darmanin « une façon [pour les entreprises et les
particuliers] d’apporter leur contribution à l’effort de solidarité de la
nation ». Il y a un mot pour cela, M. Darmanin, l’impôt ! L’impôt que
vous êtes évertués à dénigrer et à rendre injuste au nom d’un imaginaire
ruissellement. L’impôt que vous avez amputé de 4 milliards d’euros de recettes
par an en exonérant d’ISF les actifs financiers. L’impôt qui sert à éponger,
chaque année, les 40 milliards d’euros de cotisations dont vous avez
exonéré les entreprises. L’impôt sur les sociétés que vous avez abaissé.
L’impôt sur le capital que vous avez transformé dans ce concept
« globish » de « Flat-Tax pour cacher le petits cadeaux à la
finance. Et, puis pourquoi avoir baissé pavillon devant les géants du numérique
qui ne font aucun effort pour le bien commun au moment même ou les travailleurs
vivent dans l’angoisse avec un « salaire de la peur »
Votre
prétendu « nouveau monde » renoue ainsi avec la charité d’ancien
régime. Elle permettra aux plus riches de soulager s’ils le souhaitent
leur mauvaise conscience – ce qui n’est jamais gagné-, et au moins riches de
culpabiliser, tant il est vrai que la culpabilité peut être un ressort pervers
pour mettre au pas la population. Mais en aucun cas de créer les conditions
d’un nouveau contrat social.
Ah, Mr
Darmanin les Français, ne réclament pas la charité. Et les classes
populaires, les travailleurs n’ont pas attendu qu’une parole
ministérielle les enjoigne à la solidarité : elle se manifeste au
quotidien, dans le village ou dans la cité, par mille et un gestes envers les
personnels soignants, les personnes vulnérables. Et les salariés montés
au front pour faire tourner le pays le font avec un sens du devoir qui a depuis
bien longtemps quitté les actionnaires gloutons auxquels vous avez eu tant de
mal à dire qu’ils devront se passer cette année de leurs dividendes. Encore
qu’on demande à voir. Rétablissez l’ISF, imposez les revenus financiers,
chassez l’évasion fiscale, interrogez les compagnies d’assurance et les banques :
voilà ce qui serait une vraie « contribution à l’effort de solidarité
de la nation ». On vous aiderait à le faire Mr Darmanin.
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