« Irresponsables », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Ainsi,
selon les mots d’Emmanuel Macron hier à Angers, seraient « irresponsables »
celles et ceux qui « construisent des certitudes avec les connaissances d’aujourd’hui
quand ça n’était pas celles d’hier ». En d’autres termes, personne ne
savait que l’épidémie allait nous frapper, et nous frapper désormais de plein
fouet, avec la vague qui, après avoir submergé l’Est, submerge l’Île-de-France et
ne premier lieu la Seine-Saint-Denis. Non, en effet, mais le 17 octobre 2019,
une note du ministère de la Santé, alors que 250 services d’urgences étaient en
grève dans le pays, chiffrait à 4200 le nombre de lits supprimés en 2018. Pour le
regretter ? Pas vraiment, puisqu’elle évoquait, en parallèle, des petits
progrès de la médecine ambulatoire. Sitôt opéré, sitôt renvoyé, et de toute
manière les chiffres étaient très loin du compte. La même note parlait d’un
déficit de plus de 4000 infirmières et infirmiers, et évoquait l’insuffisance
des rémunérations. À la même date, on comptait 17500 lits fermés en six ans…
Irresponsables,
Monsieur le président ? Mai 2019, novembre, décembre, février 2020, les
hospitaliers, des aides-soignantes aux sommités médicales, manifestaient avec
tous leurs syndicats, et alertaient, sonnaient l’alarme, « hôpital en
danger ». Après le journée du 14 février et alors que 600 médecins de
premier plan sont en grève administrative, Agnès Buzyn, encore ministre de la
Santé, annonçait qu’elle recevait les hospitaliers…à la mi-mars !
Aujourd’hui,
il ne s’agit plus d’alerte, ni d’alarme, mais de cet appel « à l’aide »,
au secours, de la directrice du centre hospitalier de Metz où un sixième
médecin vient de mourir. Ici, comme en Île-de-France, médecins et soignants
redoutent ce choix terrible auquel ils vont être confrontés, auquel ils le sont
déjà : faire vivre ou laisser mourir. En annonçant, hier, 4 milliards d’euros
pour les masques, des respirateurs, des médicaments, Emmanuel Macron ne faisait
que révéler l’ampleur des manques pour ne pas avoir entendu les milliers de
soignants qui mesuraient les risques pris pour des raisons politiques et
idéologiques. Qu’on ne vienne pas nous mentir. Irresponsables ?
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