La colère monte face à un gouvernement empêtré dans ses contradictions !
Avant
de confiner le pays et de le lancer dans une « guerre » contre le
Covid-19, l’exécutif a minimisé la catastrophe à venir pendant plusieurs
semaines, envoyant des messages contradictoires à la population.
Un ton
martial. « Nous sommes en guerre », répété à six reprises, un champ
lexical du combat. C’est ce qu’on aura retenu de l’adresse télévisée historique
d’Emmanuel Macron, le 16 mars, durant laquelle le chef de l’État a sonné le
coup d’envoi du confinement général, sans toutefois prononcer le mot, laissant
à son ministre de l’Intérieur le soin de détailler le dispositif. Mais la
fermeté du gouvernement face à la pandémie apparaît comme un soudain revirement
de discours. Car, à refaire le récit de la gestion médiatique de la crise du
coronavirus, il apparaît que l’exécutif a tout fait pour euphémiser l’ampleur
du désastre à venir et retarder les mesures radicales qui s’imposaient. Une pudeur
à agir qui fut à chaque fois désavouée par l’actualité.
Retour
au 23 janvier. Cela fait une dizaine de jours que l’Organisation Mondiale de la
Santé (OMS) a officiellement reconnu l’existence d’un nouveau coronavirus. Agnès
Buzyn est alors toujours ministre de la santé, et les vidéos de Benjamin
Griveaux encore privées. En point presse la première assure que « le
risque d’introduction du virus en France est faible », et qu’il « n’y
a pas de cas douteux »répertoriés (à en croire le Monde, elle est pourtant
déjà au courant et a prévenu les deux têtes de l’exécutif). Elle est en tout
cas rapidement démentie. Le vendredi 24 janvier le ministère confirme les trois
premiers cas français.
Un mois
plus tard, le 24 février, c’est au tour d’Olivier Véran, son remplaçant de
parler trop vite. Les cas précédemment diagnostiqués ayant été guéris, l’ancien
député se veut optimiste et déclare qu’ « il n’y a plus de circulation du
virus sur le territoire national. Pourtant, le 25 février, un homme de 60 ans
est admis en urgence à la Pitié-Salpêtrière, à Paris. Il est testé positif au
Covid-19 et meurt d’embolie pulmonaire le 26. C’est le premier décès français. Dès
lors, tout s’accélère. Le 27 février : 27 cas. Le 28 février : 57. Le
29 février : la barre des 100 cas est franchie. Le stade 2 est déclenché :
il s’agit maintenant de freiner la propagation de l’épidémie.
Cependant,
les premières mesures tardent à venir et sont timorées. Ce n’est que le 5 mars
que les rassemblements de moins de 5000 personnes sont interdits. À suivre les
décideurs publics, la société française n’a pas à s’inquiéter. Le couple
présidentiel lui-même se rend au théâtre le 6 mars, pour montrer qu’il ne faut
pas s’interdire de sortir. Huit jours après, le 14 mars, Édouard Philippe
annonce la fermeture de tous les cinémas et théâtres, ainsi que tous les
établissements publics « non essentiels ». Huit jours durant lesquels
le nombre de morts a décuplé, de 9 à 91, et le nombre de cas est passé de 613 à
4500. Même double discours pour les milieux scolaires. Le 11 mars, Olivier
Véran et le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, se rendent
dans une école d’Issy-les Moulineaux. Objectif : rassurer, « mettre ses enfants à l’école n’est pas dangereux ».
Ah ? Pourtant, le 12 mars, Emmanuel Macron fait une première allocution à
la nation et annonce la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et
universités. Ces discours contradictoires contribuent à forger l’idée d’un
gouvernement incapable d’assumer une communication cohérente ou bien naviguant
simplement à vue. Les mêmes s’étonnent ensuite que des « imbéciles »
n’aient pas compris le message.
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