Communes solidaires, foyers de démocratie ! (Patrick Le Hyaric)
Le premier
tour des élections municipales se tient dans un contexte inquiétant. L’épidémie
de Coronavirus risque de détourner des bureaux de vote bon nombre d’électeurs,
et parmi eux les plus âgés que l’on sait d’avantage vulnérables. A cette donnée
incontournable s’ajoute un climat général peu propice à la participation et
défavorable aux intérêts populaires.
Le
gouvernement a décidé de liquider d’un coup de 49.3 le droit à la retraite
solidaire quelques jours avant le scrutin, évacuant d’un revers de main toutes
les questions fondamentales sur le niveau des pensions, l’âge de départ, la
pénibilité ou encore le financement de son nouveau régime. Le parti macronien a
tranché, avec un étrange dédain du désaveu massif que suscite sa politique,
quitte à se couper d’une majorité de la population. Voici pourquoi il multiplie
partout sur le territoire des candidatures fantoches, souvent affublées du
qualificatif de « citoyennes » ou fondues dans des collectifs bien
identifiés à droite, pour duper les électeurs et limiter la casse prévisible.
Les actes
autoritaires du gouvernement et cette partie de cache-cache avec les électeurs
ne sont pas de nature à mobiliser mais plutôt à insuffler un sentiment de
dégoût qui, si on n’y prend garde, ira au mieux se nicher dans une abstention,
au pire dans un vote d’extrême droite. Dans les deux cas le pouvoir s’en
félicitera, préparant cyniquement et inconsidérément le second tour… de la
prochaine élection présidentielle.
Il est
aujourd’hui de bon ton dans le « nouveau monde » de dédaigner les
scrutins dits « intermédiaires ». Ce mot péjoratif dit tout du mépris
de ceux qui l’utilisent, dans une cinquième république décatie. Aucun effort
n’est produit pour intéresser les citoyens aux enjeux municipaux. Si bien que
les instituts de sondage prédisent une abstention importante qui permettrait au
pouvoir de relativiser une défaite annoncée. Ces
« intermèdes électoraux » devraient pourtant avoir la même
importance que les élections dites nationales tant ils sont décisifs pour la
vie quotidienne de millions de nos concitoyens. Et tant il importe de redonner
un pouvoir aux communes pour régénérer une démocratie moribonde.
La
concentration de la vie politique sur l’élection présidentielle porte un
préjudice incalculable à la vie démocratique, laissée aux mains d’une majorité
écrasante sortie des urnes tous les cinq ans, sans vraie majorité d’adhésion.
L’ensemble de la société se voit ainsi inféodée à un exécutif hypertrophié,
comme nulle part ailleurs dans l’Union européenne. Les espaces de respiration
et d’innovation que constituent les communes, leur capacité à répondre aux
attentes essentielles de la vie quotidienne par des politiques publiques
audacieuses dans les domaines de la santé, du logement, de la sûreté, de la
démocratie locale ou de la culture sont minorés. Il apparait dès lors cohérent
que les exécutifs nationaux cherchent, au gré des alternances soumises au même
consensus libéral, à réduire leur capacité à agir, notamment par l’asphyxie
budgétaire. Pourtant, la commune gérée avec l’implication effective de ses
habitants, par les progressistes et les communistes, constitue un outil de
protection, un bouclier social atténuant certains effets des choix libéraux
nationaux.
L’enjeu est
fondamental dans ces dernières heures de discuter autour de soi de ce qui se
joue ces deux prochains dimanches. Déposer dans les urnes un bulletin de vote
peut être un acte de résistance pour affirmer son opposition au rouleau
compresseur macroniste et aux forces de droite et d’extrême droite. Et pour défendre
des projets communaux à rebours des choix opérés au sommet de l’Etat.
Dans de très
nombreuses villes, des listes se sont constituées dans l’union pour atteindre
ces objectifs. Les communistes ont sont partie prenante. Les travailleurs, les
milieux populaires ont tout intérêt à s’emparer de ces bulletins de vote. C’est
par l’ampleur de leur mobilisation qu’ils parviendront à faire reculer le
pouvoir et à faire vivre leur aspiration à être partie prenante, des décisions
qui les concernent.
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