« Besoin de vérité » (Patrick Le Hyaric)
La tâche du
soupçon risque d’être indélébile ! Nul ne conteste que la gestion d’une
telle crise sanitaire soit ardue et doive réclamer la mobilisation générale du
pouvoir politique. Pourtant, et alors que la pandémie de Covid-19 continue de
s’étendre, voici que l’ancienne ministre de la santé – élève modèle de la
macronie – dévoile que le pouvoir aurait volontairement retardé les
dispositions nécessaires pour affronter le « tsunami » sanitaire.
Ceci au
moment où les dirigeants italiens ne cessaient d’alerter et d’en appeler à des
actions coordonnées, sans aucune aide des institutions européennes et alors que
la présidente de la Commission européenne vient de déclarer que les dirigeants
européens ont « sous-estimé » la gravité de la situation.
Lors de son
entretien télévisé mardi soir le premier ministre n’a pas démenti les propos de
Mme Buzyn. L’affaire est donc grave ! Elle prouverait que l’exécutif n’a
pas raisonné en fonction de l’intérêt des citoyens, des travailleurs et des
personnels de santé, mais de celui des entreprises, tout en privilégiant la
tenue des élections municipales alors que l’alarme était sonnée au sommet de
l’Etat. C’est du reste ce même raisonnement qui est actuellement appliquée
quand des ministres courent les plateaux de télévision pour annoncer des sacs
de milliards d’aides aux entreprises, subitement dénichés, sans annoncer un
seul sous de plus pour les services publics.
Mme Buzyn,
est allée jusqu’à asséner que le maintien des élections municipales relevait de
la « mascarade ». Pire, le Conseil des ministres extraordinaire
convoqué le samedi 29 février sur l’épidémie de Covid-19, soit plus d’un mois
et demi après les alertes prétendues de Mme Buzyn, a été l’occasion non pas de
répondre à l’urgence sanitaire mais de décréter le fameux 49-3, non inscrit au
procès-verbal, pour imposer la contre-réforme des retraites.
Les
contradictions de la communication gouvernementale se poursuivent. Et, voici
que le pouvoir se défausse sur un conseil scientifique dont il a pourtant
choisi les membres et dont on se demande la nature des compétences en matière
de calendrier électoral. Autrement dit, on cherche à faire porter le chapeau
aux scientifiques. L’insupportable poison du soupçon et du mensonge d’Etat fait
son chemin au service d’un autre virus : le populisme d’extrême droite.
Si Mme Buzyn avait une conscience si vive pourquoi n’a-t-elle rien
dit ? Pourquoi a-t-elle affirmé le 20 janvier que « le
risque de propagation du coronavirus dans la population est très faible ». Elle
doit maintenant s’expliquer et Le président de la République doit répondre à
ces questions.
Sans
attendre, les citoyens doivent disposer des délibérations politiques et
scientifiques de ces dernières semaines et celles à venir. Des commissions
d’enquête parlementaire doivent pouvoir faire toute la lumière sur ces
épisodes. L’efficacité dans le combat contre la maladie a besoin de vérité.
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