« La santé, responsabilité commune », l’éditorial de Gaël De Santis dans l’Humanité de ce jour !
L’heure
n’est plus à la mondialisation heureuse. Etre connecté d’un bout à l’autre de
notre planète a ses avantages. Les œuvres culturelles, les savoirs et les
hommes traversent les frontières. Mais aussi les maladies. Cela appelle à une
responsabilité commune : la santé est une affaire planétaire. Et heureusement
que, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, se créa l’Organisation
mondiale de la santé, qui est aujourd’hui le lieu où se discute le moyen de
juguler la pandémie qui vient.
Cela
n’est pas suffisant : l’épidémie de coronavirus vient montrer que ni les
systèmes sanitaires nationaux, ni les appareils de production ne sont à la
hauteur. On voit poindre ici des pénuries de médecins, de lits d’hôpital ;
là, le manque de médicaments, de masques et même de gel hydro-alcoolique. Nos dirigeants
semblent faire un pas en arrière en matière de libre-échange, prenant
conscience que certaines productions stratégiques ne peuvent plus être
délocalisées à l’autre bout du monde pour bénéficier d’une main d’œuvre à bas
coût. De même, alors que la baisse des déficits a servi de mantra aux
néolibéraux, voici que la Commission européenne accepte de laisser filer (un
peu) le déficit de l’Italie.
Ces bonnes
inspirations perdureront-elles une fois la crise sanitaire passée ? Pas si
sûr. Ces conceptions peuvent s’inscrire dans le projet protectionniste d’une
certaine droite qui veut favoriser le capital national, tout en se gardant de
remettre en cause la course aux profits et la concurrence entre nations ou
entre continents. Cette droite en pleine ascension en Europe et qui prend le
relais des néolibéraux accompagne souvent son discours d’un appel à la
fermeture des frontières afin de flatter une partie de l’électorat. Et c’est
cette même droite qui entend retirer la couverture médicale à des migrants qui
coûteraient trop cher. Au contraire, pour faire face au coronavirus comme aux
autres enjeux planétaires, la responsabilité commune, la coopération et l’humanité
doivent rester notre boussole.
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