« Les aveux », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Plus
de 2 milliards d’habitants de notre planète sont désormais confinés. On pense à
ces mots de Paul Valéry en d’autres circonstances : « Nous voyons
maintenant que l’abîme de l’histoire est assez grand pour tout le monde. Nous sentons
qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie. » C’est alors que
certaines annonces – on pense à celles de Donald Trump niant la gravité de la
situation – prennent la dimension de
crimes planétaires.
À
contrario, il semblerait, à première vue que l’esprit vient à d’autres. Bruno Le
Maire vient d’appeler les entreprises à « faire preuve de la plus grande
modération » dans le versement de dividendes à leurs actionnaires. Il faut
peut-être lui reconnaître un certain sens de la pudeur si l’on se souvient que
la France est, en la matière, sur le podium mondial. Mais quel aveu au regard des
discours qui nous ont été tenus depuis des mois sur les premiers de cordée, sur
la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) pour stimuler les
investissements, etc. Ce que vient de dire Bruno Le maire, c’est que tout cela,
c’était de la poudre aux yeux.
Quel
aveu, aussi, quand un économiste aussi libéral que François Lenglet déclare,
dans le Figaro, que nous trouverons les moyens de faire redémarrer un État providence
en matière de santé, avec les banques centrales et les impôts sur « les
riches ». Notons au passage que l’État providence n’est pas autre chose qu’un
État qui assume ses responsabilités en matière de santé, de prestations
sociales, des services publics.
Quelles
conversions spectaculaires. Mais ceux qui abjurent leur foi continuent souvent
à adorer leurs dieux en secret et préparent le retour des bons jours. C’est
bien ce qui se passe avec les ordonnances de mercredi, au nom d’une situation d’exception
qui légitimerait et ferait durer l’exception. Elles vont à l’inverse de ce qui
est nécessaire pour protéger les travailleurs, et les victimes collatérales du
Covid-19 ne peuvent pas être le droit du travail et la démocratie.
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