« Stratégie de choc », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !
Accepter
l’urgence sanitaire, ce n’est pas renoncer à l’avenir. Alors que chacun apprend
à vivre – ou survivre – sous confinement, rythmé par le compte dramatique des
victimes, que la solidarité s’organise pour pallier un État néolibéral
défaillant, le gouvernement ne change pas sa boussole. « Plus rien ne sera
comme avant », avait pourtant assuré la main sur le cœur Emmanuel Macron
lors de son allocution télévisée. Il n’aura pas fallu longtemps pour que le
naturel revienne au galop.
« Le
monde d’après devrait commencer maintenant pour faire face aux immenses défis
de cette crise sans précédent. Mais le projet de loi relatif aux mesures d’urgence
présenté vendredi à l’Assemblée nationale, relève bel et bien de la « stratégie
du choc », qui veut qu’après un traumatisme collectif les citoyens soient
dans un état de sidération propice à accepter ce qu’ils jugeaient inadmissible
la veille. Milton Friedman, théoricien zélé de l’ultralibéralisme, a défendu
cette théorie, conseillant aux dirigeants politiques d’infliger un traitement
de choc immédiatement après une crise douloureuse.
Ainsi
a-t-on découvert dans ce projet de loi de surprenantes mesures. L’article 7
donne la possibilité au gouvernement de prendre des ordonnances en matière
économique et sociale, comprenant de graves mesures de régression qui s’attaquent
aux 35 heures, aux congés payés et aux instances représentatives du personnel. La
belle aubaine ! « La meilleure prime qu’on peut donner aux soignants,
c’est de respecter les gestes sanitaires », a osé Gérald Darmanin. Muriel Pénicaud,
elle aussi au sommet de son cynisme, s’en prend aux syndicats patronaux qui
veulent suspendre les chantiers, les jugeant « défaitistes ».
Pourtant, tout dicte de faire le contraire de la thérapie macroniste en faisant
de la satisfaction des besoins humains la priorité de l’action publique. Même confinés,
avec une démocratie sous cloche, gardons les yeux ouverts sur l’avenir. Transformons
l’isolement imposé par un immense élan pour penser « l’après » et
préparer les jours heureux.
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