« La baguette », le billet de Maurice Ulrich !
Premier
jour. Il est sept heures. La boulangerie n’est qu’à cent mètres. D’ordinaire,
quelques petits pas qu’on ne compte guère. Une cinquantaine de mètres sont
relativement à couvert dans une rue étroite. Après, c’est une zone exposée. Il faut
traverser l’avenue, s’aventurer sur la petite place en se forçant à marcher
normalement, respirer doucement, se préparer à répondre tranquillement, sans
laisser passer l’émotion.
« Bonjour Monsieur, vous pouvez nous montrer
votre attestation dérogatoire de déplacement, s’il vous plaît ? » La
politesse dans ces cas-là semble toujours une menace…pour le moment, pas de
police en vue. La boulangerie est toute proche. Plus que quelques mètres. Les jeunes
boulangères se maîtrisent remarquablement. Les rayons sont garnis.
Le pain est
cuit et rien ne trahit l’angoisse. Il faut revenir maintenant. Ce sera plus
facile. En cas de contrôle, la baguette rend les explications plus crédibles. Enfin,
c’est fait. Porte fermée, il est sept heures dix. Plus que quinze heures avant
la fin de la journée.
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire