« Désaveu », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Dans
l’idéal démocratique, les élections devraient être une fête. Un moment
privilégié où les citoyens exercent le droit de se gouverner eux-mêmes par le
choix des programmes et des représentants qu’ils se donnent pour les appliquer,
à l’issue d’un intense débat public où chaque voix compte. Dans l’idéal. Car,
dans la réalité, hélas, cela fait de nombreuses fois que la fête est gâchée par
la nécessité d’éliminer plutôt que de choisir pour se préserver du pire.
Dimanche,
ce rendez-vous a carrément viré au cauchemar, puisque s’est invité le poison du
coronavirus. Démocratie confinée, masques dans l’isoloir : le 15 mars 2020
restera comme un dimanche noir de l’histoire électorale. Bien sûr, les urnes
ont parlé malgré tout, et leur résultat oblige chacun. Il façonne déjà un peu l’avenir
de nos villes, dans l’attente du second tour, dont on ne peut qu’espérer qu’il
pourra se tenir dans des conditions acceptables – si tant est que cela soit
possible à la date convenue. Mais le Covid-19 a décimé la fréquentation des bureaux
de vote, désertés par plus d’un électeur sur deux – 64% s’étaient rendus aux
urnes il y a six ans –, approchant le record absolu d’abstention à une élection
dans notre pays.
Il n’empêche,
le premier ministre peut bien s’auto-satisfaire d’un premier tour qui s’est « parfaitement
déroulé », la sanction de sa politique au service exclusif des plus
riches, entachée de l’usage du 49.3 dans la réforme des retraites, s’est bel et
bien exprimée en dépit de la faiblesse de la mobilisation. S’il ne fallait ne
retenir qu’un indice de ce désaveu, sa mise en ballotage délicat au Havre par
la liste de son adversaire communiste Jean-Paul Lecoq en est le symbole le plus
criant. Dans de nombreuses villes, les listes du parti présidentiel pointent au
mieux à la troisième place, comme à Paris et à Lyon, tandis que les partis de « l’ancien
monde » - LR, PS et PCF – font plus que sauver les meubles. Le second
tour, s’il a lieu, s’annonce peu flamboyant pour LaREM. La crise sanitaire va
sans doute recouvrir dans l’immédiat ce résultat médiocre, mais sous une
apparente stabilité à ces municipales, le paysage politique s’est remis en
mouvement.
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