« Constat d’échec », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Le chef
de guerre a le torticolis. Ses accents de contrition devant les soignants de
Mulhouse à la plus violente des crises sanitaires, en ont dit plus qu’il n’en
fallait pour mesurer l’impasse dans laquelle les gouvernements – dont le sien –
ont emmené l’hôpital depuis plus de vingt ans à coups de réformes gestionnaires.
Mais ses mots ont « en même temps » fait mine d’ignorer que ce n’est
pas le rythme des changements, mais bien le cap imposé qui pose problème. L’ambiguïté
macronienne est décidément peu à l’aise avec les moments de vérité comme celui
que nous vivons.
« Beaucoup
a été fait, sans doute pas suffisamment fort », a euphémisé le président
de la République, en promettant « à l’issue de cette crise un plan massif
d’investissement ». Il y a deux messages importants dans cette phrase. Le premier,
c’est la reconnaissance que l’hôpital est gravement sous - doté, et qu’il faut
y remédier. L’aveu est d’autant plus significatif que le plan annoncé il y a
quatre mois à peine par Édouard Philippe était censé avoir résolu le problème. C’est
donc un constat d’échec en règle que dresse Emmanuel Macron. Est-ce le signe
annonciateur du changement tant attendu ? Rien n’est moins sûr, et le
personnel a bien raison de ne pas se contenter de belles paroles. Le deuxième
message appelle justement à la vigilance et à la mobilisation. Car la question
n’est surtout pas d’aller « plus vite et plus fort » dans une
direction qui a déjà fait tant de mal. Ce ne serait pas la première fois qu’un
responsable politique reconnaît la crise de l’hôpital pour poursuivre les « réformes »
et les restructurations néfastes. On se souvient à ce titre des grandes
annonces du plan Hôpital 2012, tandis qu’étaient renforcés les critères
managériaux du privé et la désastreuse tarification à l’activité, au détriment
du service public.
Le temps
n’est plus aux faux-semblants. Le président de la République l’a – t – il compris, quand il a pris l’ « engagement
pour la nation toute entière » d’une réponse profonde et durable aux maux
de l’hôpital ? Il faut l’espérer, pour que l’exceptionnel dévouement des
soignants serve à bâtir cet autre monde d’après la crise.
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