« Essentiel », l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité de ce jour !
Tandis que des morts tombent, ceux qui
continuent de travailler se mettent-ils en danger d’être contaminés
et, potentiellement, de transmettre le virus?
Notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, utilise parfois des mots qui tombent sous le sens. En affirmant, lundi matin, que la sécurité sanitaire des salariés face à la pandémie de Covid-19 était «la priorité absolue», nous nous disions sans aucune ironie qu’il ne pouvait clamer le contraire. En revanche, le tempo de cette intervention solennelle témoigne d’un moment particulier de la crise. Alors que nous sommes encore confinés dans la première étape d’un processus marqué par la sidération, les peurs et l’urgence vitale de se protéger et de se nourrir, dans l’attente d’un pic épidémique qu’on ne cesse de nous annoncer, une question hante la société française: tandis que des morts tombent, ceux qui continuent de travailler se mettent-ils en danger d’être contaminés et, potentiellement, de transmettre le virus?
Notre ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, utilise parfois des mots qui tombent sous le sens. En affirmant, lundi matin, que la sécurité sanitaire des salariés face à la pandémie de Covid-19 était «la priorité absolue», nous nous disions sans aucune ironie qu’il ne pouvait clamer le contraire. En revanche, le tempo de cette intervention solennelle témoigne d’un moment particulier de la crise. Alors que nous sommes encore confinés dans la première étape d’un processus marqué par la sidération, les peurs et l’urgence vitale de se protéger et de se nourrir, dans l’attente d’un pic épidémique qu’on ne cesse de nous annoncer, une question hante la société française: tandis que des morts tombent, ceux qui continuent de travailler se mettent-ils en danger d’être contaminés et, potentiellement, de transmettre le virus?
Dans les usines, les entrepôts, les
transports, les commerces, etc., où les salariés de «seconde
ligne», jugés indispensables à la survie du pays et qui vont encore au
front dans des conditions sanitaires souvent aléatoires, les alertes et les
droits de retrait se multiplient légitimement. Tous réclament des mesures de
protection de grande ampleur, ce que ni les entreprises en question – la
plupart du temps – ni l’État ne peut leur assurer. Bruno Le Maire a beau répéter: «Il
faut garantir la continuité économique du pays, mais ça ne peut pas se faire au
détriment de la sécurité sanitaire des salariés», ces paroles, pour
l’heure, sonnent creux. Des centaines de milliers d’employés attendent toujours
des masques, des gants, des équipements…
D’autant que, pour en rajouter dans la
confusion, de nombreuses entreprises – Safran, Michelin, Airbus, Arcelor-Mittal,
Dassault, etc. – décident de reprendre, une partie de leur production dès
ce début de semaine. Mais à quel prix? De deux choses l’une. Soit
l’expression «limiter les activités économiques non essentielles» veut
dire quelque chose, soit, là encore, il ne s’agit que d’affichage. Certes, il
est sûrement difficile de trouver le juste équilibre entre la bonne gestion de
«l’essentiel» et la définition de ce qui ne l’est pas. Toutefois, n’est-il pas
temps de décider clairement que toutes ces activités «non vitales» doivent être
stoppées? Au moins pour se souvenir d’une autre urgence: les vies valent plus
que les profits
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