« La violence de trop », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Depuis
le matin du 22 juin, les proches du jeune disparu de Nantes et leurs soutiens s’attelaient
à obtenir une réponse à la plus pressante des questions : « Où est
Steve ? » Maintenant que son corps a été repêché au fond de la Loire,
il faut répondre à l’autre interrogation : qui est responsable ? Le
film des événements retracés par les témoins laisse peu de place au doute. Steve
n’a pas succombé du fait d’un accident dû à l’imprudence la
jeunesse de la
fête. Il est la 15e personne tombée à l’eau au soir d’une charge
policière dont l’ordre n’aurait jamais dû être donné. L’empressement du premier
ministre à laisser entendre le contraire, mardi, n’est guère rassurant.
Depuis
cette funeste nuit, l’État a failli à plusieurs reprises à son devoir et à ses
responsabilités. À son devoir, d’abord, qui est de protéger les populations,
non de les mettre en danger. À ses responsabilités, ensuite, qu’il a lâchement
fuies en affirmant, par la voix du préfet de région, et contre de nombreux
documents et témoignages dignes de foi, que l’opération était « proportionnée ».
La mort de Steve ne peut pas rester impunie, et la responsabilité de ce drame
doit être précisément établie.
Mais,
au-delà, cela ajouterait au malheur de n’en tirer aucune leçon. Depuis des
mois, la France connaît une escalade injustifiée du recours à la force contre
les civils, cause de centaines de blessés et, parfois, de morts, au point de préoccuper
l’ONU.il faut avoir le courage de reconnaître cette réalité douloureuse :
oui, il arrive que l’action de la police tue. Chaque fois, les familles se
heurtent au déni des autorités. Les victimes ont pour noms Adama Traoré, Zineb
Redouane, Steve Caniço. Aucune n’aurait dû perdre la vie en croisant des policiers.
Cette
violence n’est pas fortuite. Elle est fortement banalisée en tant que stratégie
du pouvoir pour répondre aux troubles sociaux que sa politique entraîne,
faisant obstacle à la résolution démocratique des problèmes. La position de
Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, décorant récemment des agents
impliqués dans des violences, est révélatrice de ce détournement à des fins
politiques des missions de la police. Il est temps de retrouver ces dernières.
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