LE BLOG DES COMMUNISTES DE ROMAINVILLE

mercredi 31 juillet 2019

« La violence de trop », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !



Depuis le matin du 22 juin, les proches du jeune disparu de Nantes et leurs soutiens s’attelaient à obtenir une réponse à la plus pressante des questions : « Où est Steve ? » Maintenant que son corps a été repêché au fond de la Loire, il faut répondre à l’autre interrogation : qui est responsable ? Le film des événements retracés par les témoins laisse peu de place au doute. Steve n’a pas succombé du fait d’un accident dû à l’imprudence la 
jeunesse de la fête. Il est la 15e personne tombée à l’eau au soir d’une charge policière dont l’ordre n’aurait jamais dû être donné. L’empressement du premier ministre à laisser entendre le contraire, mardi, n’est guère rassurant.

Depuis cette funeste nuit, l’État a failli à plusieurs reprises à son devoir et à ses responsabilités. À son devoir, d’abord, qui est de protéger les populations, non de les mettre en danger. À ses responsabilités, ensuite, qu’il a lâchement fuies en affirmant, par la voix du préfet de région, et contre de nombreux documents et témoignages dignes de foi, que l’opération était « proportionnée ». La mort de Steve ne peut pas rester impunie, et la responsabilité de ce drame doit être précisément établie.

Mais, au-delà, cela ajouterait au malheur de n’en tirer aucune leçon. Depuis des mois, la France connaît une escalade injustifiée du recours à la force contre les civils, cause de centaines de blessés et, parfois, de morts, au point de préoccuper l’ONU.il faut avoir le courage de reconnaître cette réalité douloureuse : oui, il arrive que l’action de la police tue. Chaque fois, les familles se heurtent au déni des autorités. Les victimes ont pour noms Adama Traoré, Zineb Redouane, Steve Caniço. Aucune n’aurait dû perdre la vie en croisant des policiers.

Cette violence n’est pas fortuite. Elle est fortement banalisée en tant que stratégie du pouvoir pour répondre aux troubles sociaux que sa politique entraîne, faisant obstacle à la résolution démocratique des problèmes. La position de Christophe Castaner, le ministre de l’Intérieur, décorant récemment des agents impliqués dans des violences, est révélatrice de ce détournement à des fins politiques des missions de la police. Il est temps de retrouver ces dernières.


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