« Les meilleurs ennemis », l’éditorial de Sébastien Crépel dans l’Humanité de ce jour !
Ce n’est
pas diplomatiquement correct. Mais, Donald Trump, dans sa fureur calculée,
vient de rendre un petit service à Emmanuel Macron. Être traité d’imbécile par
celui qui passe pour le représentant du genre : quel meilleur hommage de
la déraison à la raison ? Le président français peut jubiler. Voilà consacrée,
à la faveur d’un tweet d’outre-Atlantique qui déshonore un peu plus son auteur,
l’extension du domaine de la lutte entre « progressistes et populistes »
que l’Élysée n’a eu de cesse de promouvoir en France et en Europe pour étouffer
toute alternative de gauche à sa politique. L’éclat de voix de la
Maison-Blanche contre la taxe sur les géants du numérique fait ainsi oublier
que le projet voté par la France est en réalité en dessous de la proposition
initiale de la Commission européenne, que le gouvernement n’a même pas eu l’audace
de reprendre.
Il en
est de la mise en scène de l’opposition Trump-Macron sur cette taxe comme de l’accord
de Paris sur le climat. « Faites ce que je dis, pas ce que je fais »
semble être le credo préféré du président français. Fustigeant le « capitalisme
fou », comme en juin, à la tribune de l’Organisation Internationale du
Travail, ou faisant applaudir le détournement du slogan de son homologue
états-unien (« Make our planet great again »), il fait ratifier le
traité UE-Canada, stade suprême du capitalisme libre-échangiste dont l’effet
permet d’être catastrophique au plan écologique et social.
Chez
les ex-Whirlpool, c’est un océan de désillusions qui sépare aussi les annonces
présidentielles de la réalité des actes : avec l’effondrement du plan de
reprise de l’usine d’Amiens. L’hypocrisie atteint son comble dans le dossier
General Electric (GE), l’ex-Alstom énergie vendu aux intérêts américains en
2014 avec l’aval d’Emmanuel Macron. Dans une lettre à l’intersyndicale, le
ministre de l’économie dit s’engager pour l’avenir de Belfort, mais fait mine
de tout ignorer des projets mortifère de GE sur l’emploi, pourtant de notoriété
publique. Les salariés doivent faire connaître leur plan d’action ce lundi. Avec
un sens de la dignité et de la responsabilité qui fait défaut aux meilleurs
ennemis de Paris et Washington.
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