« L’affaire du bac ne fait que commencer », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
C’est
un scandale inédit, probablement du jamais-vu dans l’histoire de l’éducation
nationale. Depuis vendredi, les récits qui émanent des jurys d’harmonisation
des notes du bac révèlent l’étendue du désastre provoqué par l’intransigeance
du ministre de l’Éducation nationale. Note de telle manière arbitrairement
décidée en fonction de la moyenne de toutes les autres, substitution de l’administration
aux jurys souverains, appréciation forcément subjective à partir des résultats
de l’année, anonymat des candidats rompu…le bac 2019 fait naufrage avant même d’être
achevé.
Face
à cette évidente rupture d’égalité, nombre de professeurs, grévistes ou non,
ont claqué la porte des jurys. Tout à son affaire de réussir à mater le
mouvement de grève des professeurs, Jean-Michel Blanquer a pris le risque que l’ampleur
des irrégularités entache la fiabilité de l’examen. Les recalés, les
discriminés, leurs parents, les professeurs placés devant un amateurisme
invraisemblable d’ajustement des règles ne vont pas en rester là. Les plaintes
vont se multiplier. L’affaire ne fait que commencer.
Car,
au final, en matière de diplôme national, fausser un seul résultat revient à les
fausser tous. Le gouvernement, engagé dans un passage en force vers le contrôle
continu, n’a pas hésité à saisir l’alibi de la grève des enseignants pour
changer les règles en cours de route. C’est déloyal et illégal. Les professeurs
en grève ont eu recours à la rétention des notes pour tenter, enfin, de se
faire entendre. Les copies étaient corrigées. Ils ont voulu marquer le coup,
juste quelques heures. Le gouvernement leur a délibérément refusé ce dialogue. Le
ministre va maintenant tenter de leur faire porter le chapeau du fiasco. Il promet
déjà des sanctions, quitte à piétiner le droit de grève, alors qu’il met en
place une école de la méritocratie en train de briser le socle sur lequel
repose leur métier.
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