« Ce monde qui finit », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
C’était
intenable. Et écrit d’avance. Le mal politique était fait. François de Rugy a
eu beau s’accrocher, crier à la cabale, se vanter du soutien d’Emmanuel Macron,
les images du dîner de Lassay ont choqué la France entière, révélant un pouvoir
perché dans les fastes du château alors que l’horizon s’assombrit pour tant de
foyers. Le ministre de la Transition écologique et solidaire démissionne contre
son fré. Il se dit victime d’un « lynchage médiatique ». La défense
des abuseurs est toujours la même…Ils sont tellement nourris à l’impunité qu’ils
ne sont même plus capables de s’excuser. La « République exemplaire »
d’Emmanuel Macron était déjà un tuyau percé. Cette affaire-là finit de l’achever.
Depuis
le début des révélations de Mediapart, toute la défense du numéro deux du
gouvernement a été à côté de la plaque. La démission forcée de sa cheffe de
cabinet pour faire payer ce dont lui-même était soupçonné, la mise en avant de
ses goûts culinaires totalement hors de propos, jusqu’à son incroyable sortie
sur le fait qu’en France, « le modèle n’est pas la barre chocolatée de la
ministre suédoise ». Eh bien si, justement. La crise politique fructifie
dans cette coupure entre le peuple et les élites. Chaque nouvelle affaire
alimente un peu plus l’idée d’un délitement de la République. Les affres du
couple de Rugy, même légales, même « sans preuve » accréditent l’idée
très dangereuse que la politique ne se soucie plus de l’intérêt général.
À l’heure
où le monde est confronté à de multiples tourments, ces pratiques détestables
font partie de celui qui finit. Tout est à réinventer, la pratique de la
politique, la démocratie, l’économie, la place de l’humain dans la nature, la
répartition des richesses, le rapport au pouvoir, le rôle de l’argent…Les
nouvelles formes de mouvements sociaux, des gilets jaunes à la justice
climatique, portent un désir d’éthique, de simplicité, de sens des réalités. Dans
le monde à venir, le luxe ne fait plus rêver, il révolte.
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