« C’est une révolte ? Non une révolution », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
L’an
dernier Benalla, cette année Rugy, les étés d’Emmanuel Macron ont beau être
pourris par les affaires, le chef de l’État ne semble en tirer aucune leçon. Hier
dans l’apparat très visuel d’un défilé militaire réglé au cordeau pour le 14
juillet, on ne voyait que lui, calé juste derrière le président de la
République, un François de Rugy comme si de rien n’était. Présent comme tous
les membres du gouvernement. Et encore membre du gouvernement. Convaincu du
complot ourdi contre lui, le ministre pris les doigts dans le caviar ne se
pense pas coupable mais victime, une victime encore soutenue par le clan. Pour le
moment.
« Je
n’ai rien fait qui soit en dehors des clous » assène le ministre de la
Transition écologique et solidaire. Mais le débat n’est déjà plus de savoir ce
qui est légal ou pas. Les dîners mondains du couple seront peut-être raccords
avec quelque 400 000 euros de frais de bouche accordés au président de l’Assemblée
nationale, 400 000 euros tout de même ! Mais l’étalage de l’opulence,
du faste, du luxe, le mépris d’une caste qui affiche ses privilèges et dépense
un « pognon de dingue » alors que le pays s’enfonce dans une pauvreté
durable ne passent plus. Légal, certes, mais immoral et injuste. Les gilets
jaunes ne se sont pas gênés, ce week-end, d’ironiser sur l’épisode, un de plus.
« Homards partout, justice nulle part ! » ont-ils crié, sifflant
copieusement le président d’une République corruptible.
Les élites
sont aujourd’hui à ce point déconnectées de la réalité qu’elles ne comprennent
même pas qu’on puisse s’indigner devant le spectacle de leur vie de château. Il
ne faut pas s’en réjouir, tant les populismes savent se nourrir du
ressentiment. Mais dans le gouffre du discrédit d’un système naissent aussi des
alternatives. Il y a 230 ans, un certain 14 juillet 1789, Louis XVI, minimisant
l’impact de la prise de la Bastille, questionnait : « C’est une
révolte ? » Le duc de Liancourt répondit : « Non, Sire, c’est
une révolution ! » Espérons que l’exaspération choisira plutôt ce
chemin-là.
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