« Çà va », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de ce jour !
Hydratés,
brumatisés, mais au frais et ayant pris des nouvelles de nos proches, nous
pouvons saluer sans dommages la fin heureuse de la canicule. Avec une petite,
voire une grande inquiétude. Et si ce n’était que le début, ce que tout semble
confirmer. Là où on respire, c’est au gouvernement, où il semble évident que la
consigne était claire. Éviter tout drame majeur et donner à tous le sentiment
que les ministres étaient sur le terrain, attentifs à la santé de tous les
Français. Les Anglo-Saxons appellent cela le care. C’est la politique du soin. Même
quand on vous tape dessus avec des politiques régressives, on s’occupe de vous.
La réalité
pourtant, c’est que la France va mal et ne va pas mieux. On pense sans doute, à
l’Élysée comme à Matignon, que les épisodes gilets jaunes sont déjà du passé. Sans
doute la mobilisation est-elle en baisse très sensible et la langue de bois
officielle se veut naïve. On ne comprend même plus ce qu’ils veulent, ce qu’ils
disent, pourquoi ils persistent, et on feint de croire que les mesures de
décembre 2018 et le grand débat ont réglé la question. C’est oublier les moteurs
de cette mobilisation inédite, et que, pour nombre de citoyens, les bas
salaires, les inégalités, le sentiment de ne pas être entendus sont les communs
dénominateurs d’une colère sourde qui perdure.
Donc,
c’est est fini, pour le moment de la canicule. Une petite semaine et on tourne
la page. Mais quinze jours, trois semaines comme en 2003 ? Les urgences
sont en permanence au bord de la rupture et leurs personnels sont en grève
depuis quatre mois. Les pompiers sont en grève, confrontés à des interventions
toujours plus nombreuses avec des effectifs inchangés. Les vacances des
professeurs ne changeront rien à leur rejet des mesures Blanquer et le calme
relatif à la SNCF ne doit pas faire illusion. Le gouvernement a lancé ses
brûlots sur les retraites et l’assurance-chômage au début de l’été en pensant
que les pilules passeraient mieux au soleil. Comment dit-on déjà ? Pour l’instant,
çà va…
Soyez le premier à commenter !
Enregistrer un commentaire