« France Télécom, un procès qui écrit l’histoire, l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
C’est
le procès d’un système qui s’achève sur la mise à nu d’un système. Depuis deux
mois, la conduite de la privatisation de France Télécom est disséquée. Les audiences
s’achèvent et l’histoire retiendra l’indignité d’une mécanique qui a amené l’équipe
dirigeante d’un géant des télécoms, pilier du CAC 40, à planifier, puis mettre
méthodiquement en œuvre un arsenal de destruction massive pour gagner la guerre
du cash-flow contre le service public. « On va faire un crash programme
pour accélérer…C’est la logique business qui domine », certifiait en 2006
Olivier Barberot, DRH, dans un des documents révélés à l’audience.
Ils étaient
sûrs d’eux, arrogants en ce tournant des années 2000 où le capitalisme prenait
le visage de l’ultralibéralisme le plus débridé. Les salariés avaient beau
crier leur souffrance, pour les disparus écrire noir sur blanc « je me suicide
à cause de mon travail », des syndicats avaient beau s’époumoner à
prévenir de la casse, des expertises prouver la déstabilisation généralisée, la
direction jouait du déni et elle le faisait par conviction. En porte-flingue
des actionnaires Didier Lombard et sa garde rapprochée plaidaient pour un « basculement
de l’entreprise dans un nouveau siècle », celui de l’ouverture à la
concurrence, de la soumission aux marchés financiers et de cette promesse
mortifère qui leur fut alors faite d’imposer « par la porte ou par la
fenêtre » 22 000 départs.
À France
Télécom, la restructuration à la hussarde a provoqué un drame social sans
précédent. Depuis, et aujourd’hui encore, d’autres entreprises sont confrontées
à des suicides, sommet d’un iceberg d’inhumanité qui s’est abattu sur le
tarvail et fait la fortune d’actionnaires devenus si riches que leur magot peut
dépasser le PIB de certains pays. Didier Lombard devra payer pour cette
banalisation du mal mais ce procès est aussi celui du pouvoir de l’argent et de
la violence patronale qu’il déchaîne contre les salariés. Tout un symbole.
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