« Les accents orwelliens du macronisme », l’éditorial de Julia Hamlaoui dans l’Humanité de ce jour !
Ils
espéraient une ratification en toute discrétion, sans scrutin public, dans la
torpeur de l’été. Las, la signature d’un traité jumeau du Ceta avec les pays
latino-américains est passée par là. Après le déferlante de critiques – y
compris présidentielles – qu’a
entraînées l’accord du Mercosur, gouvernement et députés
« marcheurs » se retrouvent bien en peine de justifier, la
validation, discutée à l’Assemblée, du traité de libre-échange entre le Canada
et l’Union européenne.
L’argumentaire
ne varie pas beaucoup. Car, voyez-vous, nous n’en aurions tout simplement tout
simplement pas compris les avantages incommensurables. Les économistes, les agriculteurs,
les associations, les ONG, les syndicats non plus. Jusqu’aux parlementaires.
L’ensemble de la gauche, une partie de la droite et même certains députés issus
des rangs de la majorité s’époumonent à dénoncer les contre-vérités de
l’exécutif. Mais, en pareil cas, les ardents défenseurs d’un libéralisme sans
faille recourent à l’un de leurs exercices favoris : la
« pédagogie ». Quitte à prendre des accents orwelliens.
L’accord
« respecte nos préférences collectives, tire vers le haut nos standards
environnementaux et sociaux, a ainsi plaidé hier le ministre des affaires
étrangères, Jean-Yves Le Drian, responsable en chef du service après-vente.
Arrivée de poissons OGM, de produits agricoles riches de 46 substances
interdites en Europe, de pétrole issu de sables bitumineux, possibilité pour
les multinationales d’attaquer les États qui oseraient légiférer pour le
progrès social et environnemental…Une drôle de façon de « tirer vers le
haut ». On a beau « expliquer », la dérégulation, essence de ce
traité, produit toujours les mêmes effets : du ruissellement, certes, mais
vers les mieux lotis. Pour ceux qui travaillent c’est le dumping social à gogo.
Et pour la planète, une catastrophe. Mise sous pression, la majorité a
finalement concédé un vote public mardi prochain. Les députés macronistes ne
pourront pas se cacher du chèque en blanc qu’ils s’apprêtent à signer à un
capitalisme débridé.
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