« Hypocrisie et inconscience », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
Pour
fêter son départ, M. Juncker régale l’assistance d’un cadeau empoisonné, au
sens propre du terme. Et pas des moindres, puisqu’il s’agit de l’accord
politique et commercial avec les pays du « Mercosur », en négociation
depuis vingt ans, que M. Macron s’est empressé d’applaudir. On aimerait
connaître la couleur et la saveur qu cadeau que recevra M. Juncker en
remerciement de ce forfait.
Ce texte
« inacceptable » pour l’Élysée avant les élections européennes s’est
transformé, comme par magie, en « bon accord ». C’est vrai qu’il n’a
pas été précisé pour qui ! Pour les milieux d’affaires internationaux, c’est
sûr. Les salariés et les paysans des deux côtés de l’Atlantique, l’environnement
comme les consommateurs subiront, eux, un tsunami social et écologique. Ni le
Parlement européen ni les Parlements nationaux n’ont été consultés sur ce
texte. Il peut ainsi être résumé : des voitures allemandes et des produits
chimiques et pharmaceutiques contre des tonnes de sucre, de viande bovine, de
poulets, de porcs bourrés d’hormones de croissance et de maïs transgénique,
obtenus en détruisant la forêt amazonienne au rythme effréné et criminel de…450
hectares par jour dans des zones pourtant réputées protégées.
Accepter
un tel texte revient à biffer toute signature au bas de l’accord de Paris sur
le climat et à renier tout projet de défense de la biodiversité. Importer ici
du soja transgénique pour doper l’élevage industrialisé se fait au détriment
des petits paysans, des territoires et de l’environnement, tandis qu’au Brésil
et en Argentine des millions de paysans sont privés de leurs terres. Et nos
véritables zélateurs de la mondialisation capitaliste, prompts à défendre
sélectivement les libertés, n’ont pas le moindre battement de cils quand les
grands propriétaires terriens, forestiers et miniers font leur fortune grâce à
la poursuite du génocide des Indiens d’Amazonie.
Le cumul
des traités commerciaux avec le Mexique, le Canada, l’Australie, la
Nouvelle-Zélande constitue un ouragan meurtrier pour nos élevages et la production
sucrière déjà mal en point, pour tous nos territoires, du Limousin à La Réunion.
L’intérêt général humain et environnemental commande de construire le
rassemblement populaire le plus large possible pour mettre en échec ce texte.
La clarté
doit être faite sur cette duplicité consistant à déclarer qu’on se préoccupe de
l’environnement quand on va charger
avions et bateaux à Sao Paulo pour les débarquer à Rotterdam, en polluant air
et mers de productions alimentaires bourrées de pesticides et d’hormones
interdites ici. Et l’argumentaire présidentiel frise autant le ridicule qu’il
suinte le mensonge. Que vaut par exemple, cette fable d’une prétendue « clause
de sauvegarde » quand sont prévus des tribunaux privés qui statueront en
fonction du droit des affaires et non des droits humains et environnementaux ?
Quelle fumisterie que de faire croire que la coterie de la Commission
européenne va « contrôler » M. Bolsonaro quand elle se révèle incapable
de faire respecter le droit européen au sein même de l’Union à MM. Orban ou
Salvini ! Comment croire qu’elle va contrôler la qualité alimentaire quand
elle n’est même pas capable d’empêcher la fabrication de steaks hachés infects
en Pologne, et de tracer la production de lasagnes à la viande de cheval.
Décidément
le prétendu nouveau monde transpire de l’odeur rance de la combine et du
mensonge. Ne laissons pas faire ! Construisons la grande chaîne humaine
internationale de combat, ici en Europe et avec les travailleurs brésiliens et
argentins, pour déchirer ce traité conçu par et pour les puissances de l’agrobusiness,
de l’industrie et de la finance internationale contre l’emploi, la qualité
alimentaire et l’environnement. La fête de l’Humanité se veut l’un des lieux
privilégiés de la construction de cette unité mondiale pour la riposte.
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