« Dépassé », l’éditorial de Christophe Deroubaix dans l’Humanité de ce jour !
C’était,
hier, jour de dépassement. La terre vit désormais à crédit, selon la formule
consacrée, largement reprise par la presse, heureux signe d’une prise de conscience
grandissante. Mais, en l’occurrence, il n’y aura pas de possibilité de
remboursement. Ce qui est pris ne sera pas rendu. L’activité humaine épuise la
planète. Littéralement. Nous sommes sur une effrayante trajectoire : « consommer »
deux planètes par an. À vrai dire, c’est un « nous » très impropre. L’application
généralisée du « modèle » américain en consommerait cinq. Celle du « modèle
français trois. C’est dire la responsabilité particulière qui revient aux
grandes puissances économiques nées de la révolution industrielle.
Pour
ce qui revient à notre pays, le danger ne réside plus dans le pouvoir de
nuisance démobilisateur des climatosceptiques ou de ceux qui préfèrent
disserter opportunément sur le « doigt »de Greta Thunberg plutôt que
sur la « La lune » qu’elle désigne. Ces derniers ne trompent
personne. Mais méfions-nous des « faux volontaristes » qui crient au
loup tout en le nourrissant. Exemplaire, est, à ce titre, la dernière sortie de
Gilles Le Gendre, l’homme à l’intelligence subtile, par ailleurs président du
groupe des députés marcheurs. « Le Ceta, c’est bon pour l’environnement ! »
a – t – il récemment clamé. On s’amuserait
presque d’une telle bouffonnade si elle n’était frappée de la plus grande
irresponsabilité face aux enjeux historiques.
On ne
parle pas ici d’un atoll englouti ou d’un pingouin privé de banquise, mais d’un
bouleversement frappant l’ensemble des conditions socio-économiques de vie de
milliards d’êtres humains, de l’habitat à l’alimentation, en passant par la
santé et les transports. Chaque retard pris dans l’adaptation d’un « coup
parti » du changement climatique se traduira par une augmentation des températures,
dont les effets seront démultipliés de façon quasi exponentielle. L’avis des
scientifiques sur le sujet est clair et sans appel.
Demain
devra aussi être un jour de dépassement d’un modèle de croissance infinie de la
production et de son échange « libre », dont le Ceta est le dernier
avatar en date.
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