« Camouflage d’État », l’éditorial de Christophe Deroubaix dans l’Humanité de ce jour !
Le rapport
de l’IGPN nous semble autant concourir à la vérité que, disons, la musique
militaire à la grandeur de la musique, pour reprendre une célèbre formule. On ne
peut s’empêcher d’y voir un rapport établissant, au mépris de la réalité, une
version officielle. Si le premier ministre s’est empressé de la brandir,
aussitôt confirmée l’identification du corps de Steve, elle n’en tord pas moins
les faits tandis qu’elle en ignore d’autres.
Tout
se serait donc déroulé dans les règles au bord de la Loire le soir de la fête
de la musique. Les témoignages et vidéos contredisent nombre de points
affirmés. Un mensonge est même avéré lorsqu’il est écrit qu’aucune personne
tombée dans le fleuve n’a pu imputer « sa chute à l’action » de la
police, alors même que deux plaintes ont été déposées dans ce sens.
Au demeurant,
pourrait-on nous expliquer comment une enquête sur les circonstances de la
disparition de Steve a pu se dérouler alors que l’on ne savait pas avec
certitude ce qu’il était advenu du jeune homme ? Comment des conclusions
peuvent-elles être rendues avant même les résultats de l’autopsie ?
La précipitation
du gouvernement à se dédouaner de ses responsabilités en publiant ledit rapport
outre qu’elle nourrira quelque complotisme – nous semble moins lever de la maladresse de forme que du
camouflage de fond. Les dix pages validées et transmises le 22 juillet ! –
respirent cela : le camouflage. Soyons justes : pas tant celui de l’action
de la police que, in fine, de la stratégie de « maintien de l’ordre »
ultra-répressive du pouvoir. Présentant ses condoléances à la famille de Steve,
Emmanuel Macron s’est empressé d’évoquer un contexte de violences. S’il pointe
celles que la police est mandatée pour déployer, nous le suivons bien
volontiers. L’intervention brutale de policiers, hier, place du Capitole, à
Toulouse, contre quelques manifestants réclamant justice pour Steve n’en est
que la dernière illustration en date.
Ne pas
éclairer les circonstances de la mort d’un jeune homme un soir de fête relève
du déni de justice. Soustraire volontairement à la connaissance publique les
véritables responsabilités renverrait à une affaire d’État.
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