« Députés, ne votez pas le Ceta », l’éditorial de Patrick Le Hyaric dans l’Humanité de ce jour !
Quelle
contradiction entre le micro tendu à l’Assemblée nationale à Mlle Greta
Thunberg et le vote du traité de libre-échange avec le Canada ! Ce dernier
est déjà en application avant même d’être voté. Il produit déjà des effets
négatifs pour la santé, l’agriculture, la pêche. Malgré les alertes, les
engagements dont ceux du président de la République, il n’y a aucune garantie
sur le « veto climatique », la défense du principe de
précaution, l’utilisation des farines animales, la nouvelle génération d’organismes
génétiquement modifiés.
Au nom
du principe de « coopération réglementaire », qui fait fi des
opinions et des votes de parlements et donc des législations, la commission
européenne a déjà accepté de relever les limites maximales de résidus chimiques
dans l’alimentation. Elle se prépare à accepter la substance très toxique d’un
herbicide entrant dans la composition de l’agent orange, déclaré ici comme un
perturbateur endocrinien. Elle refuse de contester l’utilisation de plus de 45
substances chimiques interdites en Europe mais utilisées au Canada dans la
production agricole. Ce même pays s’est allié début juillet au Brésil et aux
États-Unis pour contester, au sein de l’Organisation Mondiale du Commerce, l’application
du principe de précaution pour des
substances cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques.
Ne croyons
pas que les accords de libre-échange visent à des coopérations mutuellement
avantageuses entre nations. Ils sont voulus par des grandes firmes
transnationales pour amplifier la guerre économique et gonfler leurs profits,
au détriment de l'emploi, des salaires, de la santé, de l’environnement, des
territoires. Le libre-échange, ce n’est pas la concorde entre les peuples mais
leur mise en concurrence exacerbée.
Voter
ce traité si néfaste, c’est ouvrir la porte à la multitude de textes similaires
que négocie en ce moment même la commission européenne : Japon, Marché
commun d’Amérique latine, Australie, Nouvelle-Zélande, Afrique et, demain, le
retour de celui négocié avec les États-Unis. Les multinationales veulent que la
planète soit leur marché : les êtres humains et la nature, les fantassins
de leur guerre économique.
Députés !
Ne vous désarmez pas vous-mêmes. Contre les lois que vous voterez, les firmes
transnationales utiliseront les tribunaux privés d’arbitrage pour appliquer
prioritairement le droit « des affaires » contre l’intérêt général. Défendez
votre droit à légiférer dans l’intérêt général humain et environnemental !
Défendez votre souveraineté contre les milieux d’affaires. Ne votez pas le
Ceta.
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