« VŒUX. LES GILETS JAUNES SOUHAITENT UNE ANNÉE DE HAUTE LUTTE » (PIERRE DUQUESNE)
S’ils étaient moins
nombreux à défiler entre Noël et le Nouvel An, beaucoup de gilets font part de
leur conviction que leur mouvement va continuer en 2019.
En 2019, Emmanuel Macron va-t-il prendre une bonne révolution ? C’est en
tout cas le vœu de nombreux gilets jaunes qui n’ont pas l’intention de retirer
leur veste, ni de quitter les ronds-points, avec la nouvelle année. Sur
Facebook, hier, ils étaient près de 8 400 à annoncer leur intention de
participer à un réveillon gilets jaunes sur les Champs-Élysées. « Parce que nos
vies sont des fêtes, et ne seront plus défaite », peut-on lire sur le carton
d’invitation numérique de cet « acte VIII ». « Nous avons appris à nous
retrouver, à nous rencontrer, à sortir dans l’espace public pour échanger, pour
vivre, et non plus survivre. (…) C’est pour cela que nous invitons tous les
gilets jaunes voulant continuer la lutte pacifiquement et de façon festive à
venir sur les Champs-Élysées le 31 décembre pour fêter, ensemble, le passage à
la nouvelle année. » Une année 2019 qui sera « riche de changements et de
victoires », promet cet événement Facebook. Et d’ajouter : « Jour après jour,
nous perdons de plus en plus de Liberté et d’Égalité. Mais nous gagnons de plus
en plus de Fraternité. Et c’est cette Fraternité qui nous permettra de
retrouver plus de Liberté et d’Égalité. »
«Ça va repartir en
janvier»
Quasiment au même moment, à quelques mètres de là, Emmanuel Macron
enregistrera ses vœux pour marquer « autorité et rassemblement », d’après les
éléments de langage distillés par l’Élysée. En réalité, il espère tourner
définitivement la page de cette mobilisation sociale qui a déjà fait reculer
l’exécutif. Dans un courrier adressé aux préfets samedi, dont l’AFP s’est
procuré une copie, le ministre de l’Intérieur a demandé la « libération
complète et définitive » de la centaine de ronds-points encore occupés. Place
Beauvau, on a aussi communiqué sur une mobilisation en décrue samedi
(12 000 manifestants en France contre 38 000 le week-end précédent). Mais
à Rouen, Marseille, Toulouse, Lille, Nantes, Amiens, Metz, il y avait encore
des milliers de personnes mobilisées un 29 décembre, entre Noël et la
Saint-Sylvestre. L’envie d’en découdre, parfois physiquement, est toujours
présente. La violente répression aussi. À Nantes et Toulouse, deux individus
ont été gravement blessés par Flash-Ball. À Rouen, la porte de la Banque de
France a été incendiée. À Metz, où 1 200 personnes étaient réunies, des
manifestants ont jeté des pavés et des grilles d’égout sur les forces de
l’ordre. « On tient le coup même si on nous dit qu’on est de moins en moins
nombreux. Là, il y a les fêtes de fin d’année, les vacances. Ça va repartir en
janvier parce qu’il y en a marre qu’on nous prenne pour des lapins de six
semaines », explique à l’AFP Murielle, employée de bureau à Bordeaux.
Convaincue elle aussi que le mouvement va durer en 2019, Priscillia Ludosky,
pionnière des gilets jaunes en Seine-et-Marne, a défilé à Marseille pour
réclamer un « référendum sur la mise en place du référendum d’initiative
citoyenne (RIC) » et « la baisse des taxes sur les produits de première
nécessité ».
Et le mouvement, pas encore éteint, ne cesse de se réinventer, et
d’engendrer de nouvelles mobilisations. Après les gilets jaunes, des
enseignants demandent une revalorisation de leur métier sur les réseaux
sociaux, sous le nom « stylos rouges ». À Commercy (Meuse), les gilets jaunes
ont lancé un second appel pour proposer d’organiser une « Assemblée des
assemblées » auto-organisées, chez eux en janvier. Cette « commune des
communes, c’est le sens de l’Histoire », ajoutent les femmes et les hommes qui
se succèdent dans cette déclaration lue sur YouTube.
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