« Ah çà ira, ça ira », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité de ce jour !
Ce bilan-là
de l’« acte IV », vous ne le lirez que dans les colonnes de l’Humanité.
Prenons date ici : le traitement médiatique des gilets jaunes, entre
diabolisation, mépris de classe et incompréhension totale, certains n’hésitant
pas à relayer sans distance les consignes données par l’Élysée, pose un grave
problème démocratique.et malgré la dramatisation grossière, orchestrée par le
pouvoir et ses chiens de garde, qui évoquaient le risque de « putsch »
et des gilets jaunes venus « pour tuer », c’est une autre histoire
qui s’est écrite ce samedi, loin des images de violence en continu qui font le
jeu de leurs pires ennemis, les casseurs. Celle de centaines de rassemblements
dans toute la France, où les colères trop longtemps étouffées ont décidé de
faire cause commune dans la solidarité pour exiger d’une même voix la justice
sociale et la justice climatique. Celle d’un soulèvement populaire
pacifiste, qui est en train de s’enraciner dans tout le pays, dans des formes
inédites.
Ce que
l’oligarchie ne supporte pas, c’est que les gilets jaunes ont mis fin à son
impunité. Et si Emmanuel Macron est si honni, c’est qu’il s’est méthodiquement
rendu détestable, jusque dans la gestion de ce conflit. L’exécutif a en effet
usé et abusé de différentes stratégies pour disqualifier le mouvement des
gilets jaunes. D’abord, en l’attribuant uniquement à l’extrême droite de Marine
Le Pen. Ensuite, en tentant de le criminaliser ou de le réduire à un simple « ras-le-bol
fiscal », dans lequel le Medef nagerait comme un poisson dans l’eau. Hier,
c’était le tour de Bruno Le Maire de resservir l’argument du « coût »,
économique, brandi à chaque grève. Mais chacun de ces pièges a été jusqu’ici
déjoué. Mieux, ils se retournent contre le pouvoir. D’abord, parce que les
groupuscules d’extrême droite, toujours en embuscade, sont en passe d’être
marginalisés.
Les enjeux
sociaux ont chassé les paniques identitaires qui polluaient le débat politique,
ces dernières années. Aux risques du « chaos » avancé par le gouvernement,
les gilets jaunes rappellent la violence des puissants qui ne fait pas souvent
la une des 20 heures. Celle subie tous les jours par des corps que le néolibéralisme
tue à petit feu. Pris au piège de sa brutalité, Emmanuel Macron doit s’adresser
ce soir directement aux Français. S’accrocher à son trône ou accepter de
changer de politique : il y joue non seulement son propre avenir, mais
surtout l’issue d’une guerre sociale, qui a déjà fait de trop nombreuses
victimes.
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