« Prime éphémère ne fait pas bon salaire », l’éditorial de Paule Masson dans l’Humanité de ce jour !
Ils font
partie de ces salariés que le travail
rend pauvre. Rémunérés au Smic horaire, soumis aux temps partiels imposés,
combien sont-ils, les soutiers de Carrefour à avoir rejoint les gilets jaunes ?
Nombreux, c’est sûr. Nombreuses surtout. Vendeuses, caissières ou
manutentionnaires, des milliers de femmes « gagna la misère » sont
devenues les vigies du combat pour une vie digne. Elles n’ont pas obtenu une
revalorisation du Smic mais ont contribué à arracher l’annonce d’une prime
exceptionnelle…qu’elles ne vont pas toucher…
« Bompard,
lâche la prime ! » interpellent les gilets jaunes et rouges sur un
rond-point près de Toulouse. Le PDG de Carrefour, patron aux 14 millions d’euros
de rémunération en 2016, refuse pour l’heure de négocier le bonus. Rien qu’avec
l’argent du Cice, rondelet jack - pot de 134 millions d’euros de crédits d’impôts
versés par l’État, le groupe pourrait verser plus de 1 euro de prime à chaque
employé. Après tout, cet argent était censé leur revenir, sous forme d’emplois.
Mais non. Même quand le rapport des forces lui échappe, le riche mène la guerre
des classes. Carrefour empoche, refuse la prime. Et licencie.
Face
à l’ampleur de la révolte et aux risques de contagion, certaines grandes
entreprises lâchent tout de même un peu de lest, non sans profiter de l’effet d’aubaine
gouvernemental qui exonère la prime d’impôts et de cotisations sociales. Mais un
coup de pouce éphémère ne fait pas un bon salaire au long cours. Le réconfort
est ponctuel. En ne s’attaquant pas à la répartition des richesses, les mesures
d’urgence de l’exécutif ne comblent pas la fracture sociale. Or, le climat est
devenu propice aux revendications. Après la fronde des policiers pour de
meilleurs salaires, les fonctionnaires « exclus » de la prime se
rebiffent. La CGT et FO préparent des actions à la rentrée. Même si l’acte VI
du mouvement fut moins mobilisateur, les gilets jaunes n’ont pas dit leur
dernier mot. La trêve de fin d’année risque de n’être qu’un court répit.
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